Xi Jinping s'assure un troisième mandat... et peut-être plus
À la tête de la République populaire de Chine depuis 2012, le président Xi Jinping s'est assuré un troisième mandat au congrès du Parti communiste, ce dimanche. Il a profité de cette opportunité pour remodeler la composition du comité permanent du parti, désormais composé de ses plus proches alliés. 

Le président chinois Xi Jinping a été reconduit dimanche à la tête du Parti communiste, s'entourant de fidèles alliés pour devenir le dirigeant le plus puissant de la Chine moderne.

"La Chine ne peut pas se développer sans le monde et le monde a aussi besoin de la Chine", a clamé devant la presse le dirigeant, également reconduit aux commandes de l'armée chinoise.

En une décennie à la tête du pays, Xi Jinping a renforcé la stature de la seconde économie mondiale et il a modernisé considérablement l'armée pour rivaliser avec les États-Unis.

La Chine continue d'honorer la mémoire de Mao Zedong, fondateur de la République populaire, et un des dirigeants les plus sanguinaires du XXe. s., avec plusieurs dizaines de millions de morts causées par ses politiques de "réformes" et sa répression.

 

 

"Nous avons créé deux miracles: un développement économique rapide et une stabilité sociale à long terme", s'est-il félicité, après avoir obtenu un troisième mandat de cinq ans, par un Comité central largement remanié du Parti communiste chinois (PCC).

Les dirigeants russe et nord-coréen, Vladimir Poutine et Kim Jong Un, lui ont envoyé leurs "chaleureuses félicitations". Le premier s'est dit "ravi" de poursuivre "dialogue constructif et travail commun étroit", le second souhaitant "un plus bel avenir" aux relations bilatérales entre Pékin et Pyongyang.

Au Palais du peuple à Pékin, l'homme de 69 ans au sourire impassible est arrivé dimanche à la tribune surmontée de la faucille et du marteau, suivi de six autres hommes nommés au sommet du pouvoir chinois, tous des proches et alliés.

Xi Jinping et le nouveau Comité permanent du parti, organe qui détient la réalité du pouvoir en Chine. Ce Comité est désormais exclusivement composé de proches alliés de Xi. Aucun des nouveaux membres ne semble en mesure de faire de l'ombre au leader.

 

 

Plusieurs médias étrangers, comme le Wall Street Journal ou la BBC, n'ont pas été conviés à cette présentation à la presse.

Remerciant "l'ensemble du Parti pour (sa) confiance", Xi Jinping a promis de "travailler dur dans l'accomplissement" de ses "tâches".
Des vents adverses 

Malgré une concentration presque totale des pouvoirs, le dirigeant fait face à des vents adverses, comme une économie en fort ralentissement en raison de sa politique "zéro Covid".

Si Xi Jinping a, ces dernières années, mis l'accent sur la consommation et la demande intérieure pour développer l'économie, le maintien des restrictions sanitaires en Chine met à mal cette stratégie.  Cette semaine, à la surprise générale, la Chine a d'ailleurs reporté sans explication la publication des chiffres trimestriels de la croissance.

La politique du "zéro Covid" a sérieusement plombé l'économie chinoise.

 

 

"Compte tenu de l'ampleur des restrictions, il est peu probable que la consommation retrouve son niveau pré-Covid", estime l'économiste Dan Wang, de la banque chinoise Hang Seng. Les secteurs du tourisme, des transports et de la restauration sont ainsi particulièrement pénalisés.

La conjoncture a également plombé le jadis lucratif secteur immobilier, où nombre de promoteurs se battent pour leur survie. Ce secteur représente avec celui de la construction le quart du produit intérieur brut de la Chine. Et il constitue une importante source de revenus pour les gouvernements locaux.

De même, le leader devra gérer des critiques internationales sur les droits de l'homme et une rivalité  exacerbée avec l'Occident. Reprise en main à Hong Kong, sort de la minorité ouïghoure au Xinjiang, rivalité technologique avec les États-Unis, guerre en Ukraine... les différends ne manquent pas.

Le sort de la minorité ouïghour au Xinjiang, cible d'une répression implacable, pénalise les relations internationales de Pékin.

 

 

Le monde "subit des changements inédits depuis un siècle", a martelé Xi Jinping à l'ouverture du congrès du PCC. Le thème de la "sécurité nationale" y a largement surpassé tous les autres, ont relevé des sinologues. Le Parti communiste a par ailleurs inscrit pour la première fois dans sa charte une mention sur sa "ferme opposition" à l'indépendance de Taïwan.

La reconduction de Xi Jinping "peut être un élément (...) qui augmente le risque de conflit armé", estime Dan Macklin, analyste établi à Shanghai.

En cas de ralentissement économique prolongé, le Parti communiste pourrait intensifier sa pression sur Taïwan pour renforcer sa légitimité, explique-t-il à l'AFP. Un Xi Jinping vieillissant, entouré d'une équipe à sa solde, augmente par ailleurs "le risque d'erreur de calcul" dans les décisions, prévient l'analyste.
Le PCC sous le contrôle de Xi Jinping

Xi a surpris tout le monde en éliminant ses rivaux pour concentrer peu à peu tous les pouvoirs à la tête du parti et de la Chine, tout en menant une répression sévère contre toute dissidence.

 

 

Le 20e congrès du PCC s'est refermé samedi après une semaine de délibérations à huis clos, avec le renouvellement de 65% des membres du Comité central, sorte de parlement interne au parti.


Au cours de leur première réunion dimanche matin, les 205 membres de ce parlement - dont 11 femmes seulement - ont désigné les 24 représentants du Bureau politique, l'instance de décision du PCC.

Celui-ci, pour la première fois en 25 ans, ne compte aucune femme.

"Les femmes continuent d'être fortement sous-représentées au sommet de la politique chinoise", note la lettre d'information spécialisée Neican China. Leur proportion a même reculé de 5,4 à 4,9% au sein du Comité central.

Au Palais du peuple à Pékin, l'homme de 69 ans au sourire impassible est arrivé dimanche à la tribune surmontée de la faucille et du marteau, suivi de six autres hommes nommés au sommet du pouvoir chinois, tous des proches et alliés.

 

Ce dernier a aussi désigné dimanche le nouveau Comité permanent du parti, organe qui détient la réalité du pouvoir en Chine.

Dirigé par son secrétaire général, Xi Jinping, le Comité est désormais exclusivement composé de ses proches alliés. Aucun des nouveaux membres du Comité permanent du PCC ne semble en mesure de faire de l'ombre au leader Xi Jinping.

A priori, Li Qiang, chef du parti à Shanghai, devrait être le prochain Premier ministre, en dépit d'une gestion chaotique du confinement au printemps. Il succèderait alors à Li Keqiang qui prendra sa retraite.

Les nouveaux membres du Comité permanent "sont tous des hommes de Xi, cela montre qu'il veut gouverner au-delà d'un troisième mandat", donc après 2027, souligne Alfred Wu Muluan, expert en politique chinoise à l'Université nationale de Singapour.

Li Qiang, chef du parti à Shanghai, devrait être le prochain Premier ministre.

 

 

Ainsi, Wang Huning est considéré comme l'idéologue du PCC. C'est à lui que l'on attribue la paternité du "rêve chinois", slogan phare de Xi Jinping. De même, Cai Qi était déjà sous les ordres de Xi Jinping quand celui-ci était en poste dans les provinces côtières du Fujian et du Zhejiang entre 1999 et 2007.
Élimination des rivaux

Une rupture par rapport au passé, quand les factions du PCC nouaient des compromis pour répartir les postes, ce dont Xi Jinping est un illustre exemple. Il est arrivé comme candidat de consensus en 2012.

M. Xi avait ensuite surpris tout le monde en éliminant ses rivaux pour concentrer peu à peu tous les pouvoirs à la tête du parti et de la Chine, tout en menant une répression sévère contre toute dissidence.



 

 

En obtenant un troisième mandat comme secrétaire général du parti, Xi Jinping s'assure un troisième mandat présidentiel en mars prochain.

Pour se maintenir au pouvoir, il a fait amender en 2018 la Constitution qui limitait ce poste à deux mandats et à une durée totale de 10 ans.

"La reconduction de Xi Jinping est le fruit d'une extrême concentration de son pouvoir personnel", souligne à l'AFP un politologue chinois, sous couvert d'anonymat compte tenu de la sensibilité du sujet.

Et il ne fait "aucun doute" que M. Xi cherche désormais à se maintenir au pouvoir à vie.



 

 

Cette décision est "catastrophique pour la Chine" et nuit au Parti communiste, estime cet intellectuel, car elle annonce selon lui "le déclin et la stagnation" de la seconde économie mondiale.

Henry Gao, professeur de droit à l'université de gestion de Singapour, prédit quant à lui que Xi sera "plus conservateur" en politique intérieure mais "plus radical" à l'international lors de son prochain mandat: il "tentera de se confronter à l'Occident".
L'affaire Hu Jintao



 

En clôture de son congrès, le PCC a réaffirmé samedi le "rôle central" de Xi Jinping.

Seul incident marquant durant une cérémonie très chorégraphiée, l'ancien président Hu Jintao a été escorté vers la sortie. Visiblement contre son gré, l'homme de 79 ans, qui a présidé la Chine de 2003 à 2013, a été incité par des employés à se lever de son siège, situé à côté de Xi Jinping.

Cette scène très inhabituelle n'a pas été expliquée par les autorités. L'agence Chine nouvelle a affirmé en anglais que Hu Jintao "ne se sentait pas bien". Il va "beaucoup mieux" désormais, a-t-elle écrit sur Twitter, bloqué en Chine. Aucun média dans le pays n'a cependant repris cette information.

Avec AFP
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