Pour les Nations Unies, les engagements pris par les États membres pour combattre le réchauffement climatique sont " pitoyablement pas à la hauteur ", relevant même du " greenwashing ". Les politiques de réductions telles actuelles nous conduisent vers un réchauffement de 2,8 °C, alors que l’année 2022 a déjà vu se multiplier les impacts du changement climatique.

Selon Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, "Nous nous dirigeons vers une catastrophe mondiale " (AFP)

 

 

Nouveau coup de semonce à 10 jours de la COP27 : les engagements internationaux laissent la Terre sur la trajectoire d’un réchauffement de 2,6 °C, un résultat " pitoyablement pas à la hauteur " pour le patron de l’ONU, qui appelle à cesser le " greenwashing ".

Et les politiques de réductions telles qu’actuellement menées par les États, incapables de tenir leurs propres engagements, nous conduisent vers un réchauffement de 2,8 °C, alors que l’année 2022 a déjà vu se multiplier les impacts du changement climatique – inondations dramatiques, sécheresses, canicules ou feux de forêts, rappelle le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) dans un rapport analysant les engagements internationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Or l’accord de Paris, principal traité de lutte contre le réchauffement conclu en 2015, fixe pour objectif de contenir " l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 °C " et si possible à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle. Époque où les humains ont commencé à utiliser en quantité les énergies fossiles qui produisent les gaz à effet de serre responsables du réchauffement, qui atteint déjà près de 1,2 °C.

La dernière COP26, il y a un an à Glasgow, avait appelé les 200 pays signataires de l’accord à renforcer leurs lettres d’engagement détaillant leurs plans de réduction des émissions, appelées techniquement les " contributions déterminées au niveau national " (NDC).

Mais à fin septembre, seuls 24 pays avaient déposé des NDC nouvelles ou révisées, qui ne contribueraient à réduire les émissions en 2030 que d’un petit point de pourcentage supplémentaire, selon les calculs du PNUE, qui prévient que " le monde se précipite vers une augmentation de la température bien au-dessus de l’objectif de l’accord de Paris ".

Vers une " catastrophe mondiale "

 

 

Des engagements " pitoyablement pas à la hauteur ", a lancé le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres dans un message vidéo cinglant. " Nous nous dirigeons vers une catastrophe mondiale ".

Le rapport calcule qu’à fin septembre, le cumul des engagements sans condition (d’actions ou de financements extérieurs) " donne 66% de chances de limiter le réchauffement à environ 2,6 °C à la fin du siècle ".

La mise en œuvre effective des engagements actuels se traduirait par une baisse des émissions mondiales de 5% (NDC sans condition) ou 10% (NDC conditionnelles) en 2030 par rapport à aujourd’hui. Là où il faudrait qu’elles chutent de 30% pour tenir l’objectif de 2 °C, et de 45% pour limiter le réchauffement à 1,5 °C. Soit de trois à neuf fois plus !

En comptant les engagements nationaux de " neutralité carbone " qui se sont récemment multipliés, souvent à horizon 2050, la hausse pourrait même être contenue à 1,8 °C, revenant dans les clous de Paris. Mais " ce scénario n’est actuellement pas crédible ", tempère immédiatement le rapport.

M. Guterres a été plus direct : " Les engagements à la neutralité carbone ne valent rien sans des plans, des politiques et des actions pour les soutenir ", a dénoncé le patron de l’ONU. " Notre monde ne peut plus se permettre de faire du greenwashing, d’avoir des faux-semblants, des retardataires ".

La nécessité d’une transformation de grande envergure 

 

 

Un autre rapport, publié mercredi par l’agence ONU-Climat, avait aussi pointé des engagements " très insuffisants ", tout en relevant que les émissions pourraient baisser à partir de 2030.

Mais 2022 aura été " une nouvelle année gâchée ", a commenté à l’AFP Anne Olhoff, auteure principale du rapport du PNUE. " Ce qui ne veut pas dire que tous les pays ne prennent pas les choses au sérieux. Mais globalement, c’est très loin d’être satisfaisant ".

Car pour atteindre les " coupes massives " nécessaires, soit autour de 7% de réduction mondiale des émissions par an, l’ONU souligne qu’il n’est plus temps d’adopter une stratégie du " pas à pas ". Au contraire, " une transformation de grande envergure, à grande échelle, rapide et systémique, est désormais essentielle ".

Dans l’énergie, cette transformation est en route, selon l’Agence internationale de l’Energie (AIE), dont le directeur Fatih Birol entrevoit désormais " la fin de l’âge d’or du gaz ", effet paradoxal de la crise déclenchée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui force l’Europe à se passer du gaz russe.

Avec AFP