Lors de sa visite à Bahreïn, du 3 au 6 novembre, le pape François aura l’occasion de s’entretenir avec le roi Hamad ben Issa al-Khalifa ainsi qu’avec différents dignitaires religieux. Un voyage placé sous le signe du discours islamo-chrétien, alors que le Bahreïn compte une importante minorité chrétienne composée de 80.000 individus d’origine indienne et philippine. 

Le pape François se rendra cette semaine à Bahreïn et y rencontrera le roi sunnite Hamad ben Issa al-Khalifa. Il devrait multiplier lors de sa visite les gestes d’ouverture avec l’islam. (AFP)

 

 

Le pape François se rend du 3 au 6 novembre à Bahreïn pour y promouvoir le dialogue avec l’islam, première visite d’un souverain pontife dans le petit royaume du Golfe où les ONG dénoncent les violations des droits de l’homme visant en particulier les chiites.

Organisé dans le cadre d’un forum de dialogue entre l’Orient et l’Occident, ce 39e voyage à l’étranger de François sera aussi le second dans la péninsule arabique après sa visite historique aux Émirats arabes unis en 2019.

Le pape de 85 ans, qui se déplace désormais en fauteuil roulant, doit prononcer sept discours lors de son séjour dans cet État insulaire de 1,4 million d’habitants dirigé par un roi sunnite, Hamad ben Issa al-Khalifa.

" J’aurai l’opportunité de m’entretenir avec des représentants religieux, en particulier islamiques ", a déclaré le pape François mardi sur la place Saint-Pierre au Vatican, voyant dans cet événement l’occasion de " soutenir au nom de Dieu la cause de la fraternité et de la paix ".

Bahreïn a formalisé ses relations diplomatiques avec le Saint-Siège en 2000 et compte quelque 80.000 catholiques, principalement des travailleurs indiens et philippins. Le pays est considéré comme respectueux de la liberté de culte, contrairement à l’Arabie saoudite voisine.

Fervent défenseur du dialogue interreligieux, le pape devrait y multiplier les gestes d’ouverture avec l’islam, six semaines après avoir mis en garde contre " l’instrumentalisation " de la religion lors d’un congrès interreligieux mondial au Kazakhstan.

Vendredi, il s’exprimera devant le " Conseil des sages musulmans " à la Mosquée du palais royal et rencontrera le grand imam d’Al-Azhar du Caire, institution respectée de l’islam sunnite, avec lequel il avait signé à Abou Dhabi un document fondateur sur la fraternité humaine.

Légitimer une politique discriminatoire 
Le pays est considéré comme respectueux de la liberté de culte, et la première église y a été construite dans les années 1930. (AFP)

 

 

Mais cette visite a aussi suscité la critique de certaines organisations de défense des droits de l’Homme: mardi, neuf ONG ont appelé le pape à " exiger publiquement que Bahreïn mette fin à toutes les exécutions, abolisse la peine de mort et enquête sérieusement sur les allégations de torture et les violations du droit à un procès équitable ".

Dans un rapport publié lundi, Human Rights Watch a pointé du doigt une " marginalisation ciblée " de l’opposition politique, estimant qu’on " ne peut pas qualifier Bahreïn de démocratie ".

De son côté, Amnesty International relève de " graves violations des droits humains " par les autorités, des " actes de torture " ainsi que des violations de la liberté d’expression et de réunion.

" La visite du pape François à Bahreïn risque de légitimer la politique discriminatoire du roi Hamad ", s’inquiète Husain Abdulla, directeur exécutif de l’association Americans for Democracy & Human Rights in Bahrain, dans une tribune publiée par le quotidien français Le Monde.

Un porte-parole du gouvernement a réagi mardi en insistant sur les " valeurs de tolérance " de Bahreïn. " La liberté de religion et de culte sont des droits protégés par la Constitution. Et le Royaume ne tolère pas la discrimination, la persécution ou la promotion de la division fondée sur l’appartenance ethnique, la culture ou la foi ", a-t-il affirmé à l’AFP.

Deux semaines avant le coup d’envoi du Mondial controversé au Qatar voisin, le pape pourrait aussi évoquer les droits des travailleurs immigrés et la défense de l’environnement, deux thèmes chers à son pontificat.

A la rencontre des minorités chrétiennes
Bahreïn a formalisé ses relations diplomatiques avec le Saint-Siège en 2000 et compte quelque 80.000 catholiques, principalement des travailleurs indiens et philippins. (AFP)

 

Attendu jeudi à 16H45 (13H45 GMT) à Awali (centre), le souverain pontife s’exprimera une première fois devant les autorités et le corps diplomatique au palais d’Al-Sakhir.

Vendredi, il présidera une prière œcuménique à la cathédrale Notre-Dame d’Arabie, la plus grande église catholique de la péninsule arabique, inaugurée en décembre 2021.

Le lendemain, le pape célébrera une messe dans un stade à laquelle quelque 28.000 chrétiens sont attendus, dont 20.000 résidents du royaume, selon le père Charbel Fayad, prêtre à Bahreïn.

Ce dernier s’attend également à voir des fidèles des pays voisins du Golfe comme l’Arabie saoudite, le Koweït, les Émirats arabes unis, le Qatar et Oman, des pays à majorité musulmane mais qui abritent eux aussi d’importantes communautés étrangères.

Le pape clôturera sa visite dimanche par une prière avec des membres du clergé catholique dans la capitale Manama.

Depuis son élection en 2013, François s’est rendu dans une dizaine de pays à majorité musulmane, notamment en Jordanie, en Turquie, en Bosnie-Herzégovine, en Égypte, au Bangladesh, au Maroc et en Irak.

Toujours affaibli par des douleurs au genou, il avait confié à la mi-septembre que sa gonalgie n’était " pas encore guérie ". Mais il a poursuivi ses voyages en 2022, avec quatre déplacements à l’étranger.

Avec AFP