La majorité des crimes commis contre les journalistes restent impunis, a déploré mercredi l’Unesco, appelant les dirigeants mondiaux à prendre des mesures pour muscler les moyens d’enquête et condamner les auteurs. Les journalistes tués proviennent plus de pays expérimentant une violence endémique que de zones de conflits.

Le 2 novembre, date retenue pour alerter sur l’impunité des crimes commis contre les journalistes, Reporters sans Frontières rappelle que 68 journalistes ont été tués au Mexique depuis 2016 pour des motifs directement liés à leur métier. À Tijuana, deux journalistes ont été assassinés en six jours début 2022. " Selon les nouvelles données de l’Unesco, le taux d’impunité mondial pour les meurtres de journalistes s’élève à 86% ", soit une baisse de 9 points sur les dix dernières années, a pointé dans un rapport cette agence de l’ONU chargée de la culture, de l’éducation des arts ou encore de la science.

 

86% d’impunité

" Selon les nouvelles données de l’Unesco, le taux d’impunité mondial pour les meurtres de journalistes s’élève à 86% ", soit une baisse de 9 points sur les dix dernières années, a pointé dans un rapport cette agence de l’ONU chargée de la culture, de l’éducation des arts ou encore de la science. Cette baisse n’en reste pas moins " très insuffisante pour enrayer la spirale de la violence ", a prévenu l’Unesco.

Sur la période 2020-2021, 117 journalistes ont été tués du fait de leur emploi, soit le chiffre le plus faible depuis la première publication en 2008 de ce rapport par l’Unesco. L’organisation souligne toutefois que pour l’année 2022, 66 journalistes avaient déjà été assassinés à la date du 30 septembre.

Sur les deux années passées, les régions les plus meurtrières pour les journalistes ont été l’Amérique latine et les Caraïbes, et dans une moindre mesure l’Asie-Pacifique. À l’inverse, en 2020, aucun meurtre de journaliste n’a été recensé en Europe centrale et orientale, une première depuis 2007.

 

 

Seuls 36% tués en conflit

Paradoxe, seuls 36% des journalistes ont été tués dans des pays en proie à des conflits armées en 2021, alors que 64% des meurtres de journalistes se sont produits dans des pays n’étant pas confrontés à ce type de conflit. Le rapport note en revanche une augmentation du nombre de journalistes tués lors d’émeutes ou de manifestations : six pour la période 2020-2021 contre trois pour la période 2016-2017.

L’Unesco pointe le fait qu’il n’y a pas de lieu sûr pour les journalistes : sur les 117 tués en 2020-2021, 91 d’entre eux (soit presque huit sur dix) l’ont été en dehors des heures de travail, à leur domicile, dans leur véhicule ou dans la rue par exemple, et non dans le cadre d’une mission spécifique. Plusieurs ont été tués devant des membres de leur famille, y compris leurs enfants.

En outre, la part des femmes parmi les journalistes tués a presque doublé en 2021, passant à 11% contre 6% l’année précédente. Face à ce constat, l’Unesco renouvelle son appel à prendre toutes les mesures nécessaires pour que les crimes commis contre les journalistes fassent l’objet d’enquêtes appropriées et que leurs auteurs soient identifiés et condamnés.

Maxime Pluvinet avec AFP