Le suspect de l’agression du mari de Nancy Pelosi, David DePape, a avoué aux enquêteurs avoir l’intention d’attaquer d’autres personnalités politiques. Il a été placé en détention provisoire et a été interdit de tout contact avec Nancy Pelosi.

L’homme soupçonné d’avoir sauvagement agressé le mari de la cheffe des démocrates au Congrès Nancy Pelosi, avec l’espoir de s’en prendre à elle, a plaidé non coupable mardi, mais a déclaré aux enquêteurs vouloir s’attaquer à d’autres personnalités politiques, selon la justice américaine.

Après une brève comparution en tenue orange de détenu, David DePape a été placé en détention provisoire par une juge de San Francisco, selon le San Francisco Chronicle.

La procureure de San Fransisco considère l’agresseur de Pelosi comme " dangereux " (AFP)

 

Cet homme de 42 ans a également été interdit de tout contact avec Mme Pelosi ou son mari, et de s’approcher à moins de 135 mètres de leur maison de San Francisco, où l’agression a eu lieu vendredi.

Lors de son attaque, le suspect projetait de " briser les rotules " de la parlementaire si elle n’avouait pas les " mensonges " du camp démocrate, selon les premiers éléments de l’enquête.

Mais outre Mme Pelosi, le suspect a expliqué aux enquêteurs qu’il était en " mission suicide " et projetait de s’en prendre à " plusieurs personnalités politiques éminentes ", ainsi qu’à des membres de leurs familles et à un professeur de la région, selon un document publié mardi par le parquet de San Francisco.

Il s’était introduit vendredi matin dans le domicile du couple Pelosi à San Francisco, équipé notamment de corde, de paires de gants et de ruban adhésif, selon le ministère de la Justice.

Présence policière devant le domicile de Nancy Pelosi après l’agression de son mari (AFP)

 

Nancy Pelosi se trouvait à Washington ce jour-là. Avant d’être agressé au marteau et de se faire fracturer le crâne, son mari Paul Pelosi, 82 ans, a eu le temps d’appeler le numéro d’urgence 911.

Les autorités américaines pensent que le suspect avait l’intention de kidnapper la responsable, deuxième personnage dans l’ordre protocolaire après la vice-présidente Kamala Harris pour remplacer Joe Biden en cas de force majeure. Ce chef d’inculpation fédéral pourrait lui valoir jusqu’à 20 ans de prison. Avoir agressé son mari lui fait encourir une autre peine de prison pouvant aller jusqu’à 30 ans.

Lundi soir, la procureure de San Francisco a annoncé une volée de nouveaux chefs d’inculpation à son encontre, notamment tentative de meurtre et cambriolage, cette fois au niveau local et non fédéral. Selon elle, il s’agissait d’une attaque " au mobile politique ".

Complotisme d’extrême droite

Mme Pelosi avait déjà été prise pour cible par les manifestants qui ont forcé l’entrée du Capitole, le 6 janvier 2021, sans réussir à mettre la main sur elle. Elle est régulièrement au centre de divers théories du complot alimentées par l’extrême droite américaine.

David DePape, qui vivait dans un garage dans une petite ville près de San Francisco, avait partagé sur les réseaux sociaux ces derniers mois des publications affirmant contre toute évidence que les élections avaient été volées ou que les vaccins anti-Covid ne fonctionnaient pas. Selon la fille d’une de ses anciennes compagnes, il s’était récemment tourné vers le complotisme d’extrême droite.

Face à la presse, son avocat commis d’office, Adam Lipson, a expliqué mardi vouloir " évaluer (s)a santé mentale ".

Nancy Pelosi avec son mari Paul à Londres (AFP)

 

" Il y a beaucoup de spéculations concernant la vulnérabilité de M. DePape à la désinformation et c’est certainement quelque chose que nous allons examiner ", a ajouté le conseil.

L’agression, qui s’est produite à une dizaine de jours des élections de mi-mandat, lors desquelles les démocrates risquent fort de perdre leur majorité à la Chambre des représentants, a propulsé la désinformation et ses impacts délétères au rang de thème de campagne.

Dans un discours vendredi soir, le président Joe Biden a averti que la désinformation pouvait influencer les personnes qui ne sont " pas totalement équilibrées ".

En parallèle, le nouveau patron de Twitter, Elon Musk, a relayé — avant de l’effacer — une théorie complotiste qui tentait de minimiser la portée de cette agression en suggérant qu’il s’agissait d’un rendez-vous à caractère sexuel qui aurait dérapé.

Avec AFP