Vingt-cinq ans après les faits, le nouveau président colombien Gustavo Petro a présenté des excuses officielles de l’État aux familles des victimes de massacres commis par des paramilitaires en 1996 et 1997. Une décision historique qui marque la première reconnaissance officielle de la responsabilité de l’État dans ces massacres.

 

Le président colombien Gustavo Petro a présenté mercredi ses excuses aux familles des victimes de deux massacres perpétrés par des paramilitaires à la fin des années 1990, a-t-on appris de source officielle en Colombie.

" En tant que représentant de l’État colombien aujourd’hui, je dois présenter mes excuses à toutes les familles des victimes et aux victimes qui ne peuvent plus nous accompagner, parce qu’elles ont été assassinées par l’État lui-même, un État meurtrier ", a déclaré M. Petro lors d’un événement public dans la ville de Medellin, dans le nord-ouest du pays.

À une centaine de kilomètres de là, dans la municipalité d’Ituango, des paramilitaires d’extrême droite avaient massacré des civils sans défense dans les villages d’El Aro et de La Granja, respectivement en 1997 et 1996.

Au début de son discours, le président a lu les noms des 19 personnes tuées lors de ces événements, pour lesquels la Cour interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) avait jugé en 2006 l’État colombien responsable.

" En tant que représentant de l’État colombien aujourd’hui, je dois présenter mes excuses à toutes les familles des victimes ", a affirmé le président colombien Gustavo Petro (AFP)

 

Les deux massacres se sont déroulés sur plusieurs jours avec " l’assentiment et la collaboration de membres des forces de sécurité ", selon la Cour.

À El Aro, les paramilitaires avaient accusé les villageois de collaborer avec la guérilla d’extrême-gauche, et torturé plusieurs personnes en public. Ils avaient également brûlé la plupart des maisons et forcé plusieurs survivants à transporter du bétail volé, selon l’arrêt de la Cour.

Ce tribunal avait également ordonné le versement d’une indemnité de 10.000 dollars aux familles des victimes et un acte de reconnaissance publique, entre autres réparations.

Si l’État colombien a fait une " reconnaissance partielle de responsabilité " écrite au tribunal et a indemnisé les victimes il y a des années, il n’avait jamais reconnu jusqu’à présent publiquement sa responsabilité dans les massacres.

" Je veux vous remercier Monsieur le Président. Parce qu’après 25 ans, il n’y avait pas eu jusqu’à présent de président ayant prêté attention aux victimes ", a déclaré lors de la cérémonie de ce mercredi Maria Oliva Calle, veuve d’Omar de Jesús Ortiz, tué à El Aro.

Gustavo Petro, qui a pris ses fonctions en août pour devenir le premier président de gauche de l’histoire de la Colombie, n’a eu de cesse de dénoncer ces dernières années, alors qu’il était dans l’opposition, les atrocités commises par les paramilitaires, souvent alliés aux forces de sécurité, à des dirigeants locaux, voire à des membres du Congrès.

Il s’agissait d’une " extermination planifiée pour éliminer des ennemis, car ils considéraient le paysan comme un ennemi ", a estimé le président Petro dans son discours, à propos des deux massacres d’El Aro et de La Granja.

Avec AFP