Des centaines de civils ont été sommairement exécutés en Ukraine au cours des premiers mois de l’invasion du pays par les forces russes, selon les Nations Unies. Une commission d’enquête de l’ONU a enregistré 441 exécutions sommaires et meurtres dans trois régions de l’Ukraine entre le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février et le 6 avril. Les hommes et les garçons représentent 88% du total des victimes

Les meurtres de 341 hommes, 72 femmes, 20 garçons et huit filles ont été documentés dans 102 villes et villages des régions de Kiev entre le 24 février et le 6 avril 2022 (AFP)

 

 

Des centaines de civils ont été sommairement exécutés en Ukraine au cours des premiers mois de l’invasion du pays par les forces russes, ce qui constitue des " probables crimes de guerre ", a déclaré jeudi le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Volker Türk.

Cette commission d’enquête de l’ONU a enregistré 441 exécutions sommaires et meurtres dans trois régions de l’Ukraine entre le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février et le 6 avril, a souligné Volker Türk, en présentant un rapport devant le Conseil des droits de l’homme (CDH) de l’ONU.

Les meurtres de 341 hommes, 72 femmes, 20 garçons et huit filles ont été documentés dans 102 villes et villages des régions de Kiev, Tcherniguiv et Soumy pendant cette période, selon le rapport.

" Les vrais chiffres sont vraisemblablement plus élevés et nous travaillons afin de vérifier 198 meurtres supplémentaires dans ces régions ", a précisé le Haut-Commissaire.

Dans la seule banlieue de Kiev, à Boutcha, où des centaines de corps ont été découverts après que l’armée russe en a été chassée en mars, les enquêteurs ont documenté le meurtre de 73 civils et s’efforcent de corroborer 105 cas supplémentaires.

" Nous avons des indices forts selon lesquels ces exécutions sommaires documentées pourraient constituer un crime de guerre : l’homicide volontaire ", a-t-il fait valoir.

" Dans certains cas, les soldats russes ont exécuté des civils dans des lieux de détention improvisés ", a-t-il dit.

Des exécutions sommaires 
Les hommes et les garçons représentent 88% du total des victimes (AFP)

 

 

" D’autres ont été tués sur-le-champ après un contrôle de sécurité, à l’entrée ou à l’intérieur de leurs maisons ou dans des cours, alors que les victimes levaient les mains et ne représentaient aucune menace ", a poursuivi le Haut-commissaire.

Les hommes et les garçons représentent 88% du total des victimes, " ce qui suggère qu’ils ont été ciblés en priorité en raison de leur sexe ".

En outre, des véhicules blindés russes ont tiré sur des bâtiments, tuant des civils à leur domicile.

De nombreux diplomates ont pris la parole pour exprimer leur indignation face aux conclusions du rapport et sur les violations de droits humains en cours en Ukraine.

La représentante permanente de l’Ukraine auprès des Nations unies à Genève, Yevheniia Filipenko, a déclaré devant le Conseil que l’invasion russe " a eu un impact dramatique sur les droits de l’Homme en Ukraine, comme l’indique clairement le rapport ".

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, a déclaré de son côté que les découvertes de civils innocents assassinés " sans raison apparente devant leur domicile, dans la rue " étaient " vraiment effrayantes ".

Au-delà de l’entendement humain

 

 

Et l’ambassadrice de l’Union européenne, Lotte Knudsen, a déclaré que le bloc était " consterné par les exécutions extrajudiciaires, la torture et les autres attaques horribles contre des civils en Ukraine par les forces russes ".

" L’ampleur de la brutalité va bien au-delà de l’entendement humain ", a-t-elle dit, insistant sur le fait que " la responsabilité (…) doit être assumée ".

Le Haut-commissariat continue de documenter les violations des droits des civils en zone de conflit en dehors de la période étudiée dans ce rapport, a précisé le Haut-commissaire.

Des enquêteurs de l’ONU avaient accusé le 23 septembre Moscou d’avoir commis un " nombre considérable " de crimes de guerre dans quatre régions ukrainiennes dans les premières semaines suivant l’invasion russe. Ils avaient en revanche jugé qu’il était trop tôt pour parler de crimes contre l’humanité, contrairement à ce qu’affirment des ONG et l’Ukraine.

Avec AFP