Ça tangue sur le marché de l’or blond et il a fallu faire appel à la réserve stratégique: le sirop d’érable, principalement produit au Québec, est victime de son succès et d’une mauvaise récolte au printemps dernier. Et cette situation pourrait s’aggraver à l’avenir avec le réchauffement climatique, préviennent les experts.

 

Cette année, pour éviter la pénurie, le Québec – qui produit les 3/4 du sirop d’érable mondial – vient de faire ce que les Etats-Unis et d’autres pays ont fait pour le pétrole: puiser dans les réserves mises en place pour éviter les ruptures de stock. "C’est normal, c’est ce qu’on veut: la réserve doit être le tampon entre la température, la demande et la production ", explique Serge Beaulieu, le président des Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAQ), qui représentent plus de 11.000 professionnels.

C’est à Laurierville, à quelques dizaines de kilomètres de la ville de Québec, que se trouve la réserve. Dans un entrepôt de la taille de cinq terrains de football, des dizaines de milliers de barils blancs sont empilés.

Au printemps 2021, 105 millions de livres, soit près de 48.000 tonnes de sirop y étaient entreposés, accumulés depuis près d’une décennie. Le stock a depuis fondu: il ne reste actuellement qu’environ 17.000 tonnes de ce qu’ils appellent " l’or blond du Québec ". La dernière fois qu’il avait fallu y avoir recours, c’était en 2009.

Le sirop – de la sève collectée grâce à de petits robinets plantés dans des entailles dans le bois d’érable puis bouillie – est récolté au printemps. Mais il faut que la température soit en dessous de zéro la nuit, et légèrement positive pendant la journée, pour que cela soit possible.

" L’érable c’est vraiment au printemps mais là le printemps a été écourté parce qu’il a fait plus chaud plus vite que d’habitude donc au lieu de faire un bon mois de récolte on a peut-être fait deux semaines et des petites journées ", déplore Laurie Larouche, 23 ans, productrice de sirop d’érable.

" Nous avons eu 50% de sirop en moins " cette année, renchérit Maryse Nault en inspectant ses entailles, bonnet sur la tête et pieds dans la neige sur son exploitation de Saint-Marc-sur-Richelieu, à 50 kilomètres à l’est de Montréal.

Au printemps dernier, la production a en effet chuté à 133 millions de livres (environ 60.000 tonnes), en deçà des 175 millions tirés en 2020.

Dans ce contexte, l’an prochain, les producteurs seront autorisés à pratiquer 7 millions de nouvelles entailles pour booster la production pour les trois prochaines années.

D’après les chercheurs du ministère des Forêts québécois, le rendement à l’entaille est menacé: il prévoit une baisse de 15% du rendement en 2050. Des mois d’avril de plus en plus chauds seraient responsables de la majeure partie des réductions.

Et pourtant, la demande est de plus en plus forte au Canada mais aussi en Asie, en Europe ou aux Etats-Unis. En 2020 et 2021, les exportations ont bondi de 20%.

" Avec le Covid, les consommateurs étaient beaucoup plus à la maison, à essayer de découvrir des nouveaux produits alimentaires ", explique M. Beaulieu or " le gros ne s’écoule pas dans les restaurants " mais plutôt " à la maison ".

Et il est de plus en plus " utilisé " abonde Laurie Larouche pour " remplacer le sucre blanc parce que le sirop d’érable c’est meilleur pour la santé que le sucre raffiné ".

AFP

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