Les orthodoxes ukrainiens fêtaient Noël ce dimanche, un signe fort de défiance contre les autorités religieuses russes, qui célèbreront, elles, la naissance de Jésus-Christ dans deux semaines. Une décision qui ne plaît guère à Vladimir Poutine, qui a dénoncé l’Occident qui cherche à " diviser pour mieux régner ". Selon lui, ceci justifie l’invasion de l’Ukraine qui aspire à " l’union du peuple russe ".

Dimanche à Kiev, des orthodoxes ont fêté Noël, aux côtés des catholiques. L’Ukraine, un pays dont la population est en majorité orthodoxe, est, en effet, divisée entre une Église dépendant du Patriarcat de Moscou, qui a annoncé rompre ses liens avec la Russie fin mai du fait de l’offensive russe, et une Église indépendante de la tutelle russe.
Créée fin 2018, cette dernière a prêté allégeance au Patriarcat œcuménique de Constantinople, qui a son siège à Istanbul.
" La guerre nous a amené tellement de chagrin ", a confié à l’AFP dans une église du centre-ville une fidèle, Olga Stanko. " On ne peut pas rester sous l’influence russe ", a-t-elle ajouté, alors que le conflit militaire s’est déplacé ces dernières semaines sur le terrain religieux.
Selon un sondage Interfax-Ukraine réalisé en novembre, 44% des Ukrainiens disaient approuver l’idée de fêter Noël le 25 décembre plutôt que le 7 janvier, date du Noël orthodoxe.
" Russie historique "
" Tout est basé sur la politique de nos adversaires géopolitiques, qui visent à diviser la Russie, la Russie historique ", a dénoncé Vladimir Poutine dans un entretien dont un court extrait a été diffusé dimanche à la télévision russe.

Le président russe utilise régulièrement le concept de " Russie historique " pour justifier l’intervention militaire en Ukraine par le besoin de rassembler Ukrainiens et Russes, qui ne formeraient qu’un seul et même peuple.
" Diviser pour mieux régner: ils ont toujours essayé de le faire, ils tentent de le faire maintenant, mais notre objectif est tout autre: unir le peuple russe ", a-t-il affirmé. Selon Vladimir Poutine, l’armée russe " agit dans la bonne direction " en Ukraine.
Et il a promis que les troupes russes élimineraient le système de défense antiaérienne Patriot, que Kiev a obtenu cette semaine des Américains après l’avoir réclamé pendant plusieurs semaines.
" Bien sûr, nous allons le détruire, à 100%! ", a lancé Vladimir Poutine, trois jours après avoir assuré que son armée trouverait " un antidote " pour contrer " ce système assez vieux ".
Outre le système Patriot, le président ukrainien Volodymyr Zelensky est reparti de sa visite aux Etats-Unis avec une promesse d’enveloppe de 45 milliards de dollars d’aide prévue dans le prochain budget fédéral américain.

Si l’état-major russe a confirmé viser la conquête de la totalité de la région industrielle de Donetsk, Volodymyr Zelensky a lui juré vouloir reprendre les quatre régions ukrainiennes annexées fin septembre par la Russie – Donetsk, Lougansk, Zaporijjia, Kherson -, ainsi que la péninsule de Crimée, annexée en 2014.
Bombardement meurtrier à Kherson
Dans sa prise de parole quotidienne, Volodymyr Zelensky a fustigé les " terroristes " russes qui ont mené des bombardements samedi contre le centre-ville de Kherson, ville du Sud de l’Ukraine reprise le 11 novembre après huit mois d’occupation par les troupes de Moscou.
Le marché central et des rues adjacentes ont été bombardés, faisant au moins 10 morts et 55 blessés, un acte de " terreur " selon M. Zelensky.

Le président ukrainien a remercié " tous ceux venus à Kherson pour aider " à " sauver les blessés " et plus globalement tous ceux qui font fonctionner le pays malgré le conflit.
Il a aussi appelé les Ukrainiens à se préparer à de nouvelles attaques d’ici la fin de l’année. " Nous devons être conscient que notre ennemi va essayer de rendre ce moment sombre et difficile ".
Sur l’ensemble de la journée, la Russie a tiré 41 missiles sur la ville, selon un bulletin matinal de l’armée ukrainienne.
Vladimir Saldo, le chef de l’administration prorusse de Kherson, a, lui, imputé l’attaque à l’armée ukrainienne, fustigeant " une provocation écœurante visant bien sûr à faire accuser les forces armées de la Fédération de Russie ".
Avec AFP