Alliance avec la Russie et l’Iran, achat d’armes russes, rapprochement de la Syrie, blocage à l’entrée de la Suède et de la Finlande dans l’Otan… la liste des griefs américains contre la Turquie est longue. C’est la raison pour laquelle Washington avait exclu Ankara des livraisons du chasseur ultramoderne F-35, que les Turcs ont entamé le paiement. Erdogan se rabat sur le F-16. Mais, là aussi, le Congrès hésite à accorder son feu vert.

Le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu a été reçu mercredi soir par son homologue américain Antony Blinken au siège du département d’Etat.

Le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu a exprimé l’espoir mercredi que les Etats-Unis approuveraient la vente d’avions de combat F-16 à la Turquie, un dossier sensible qui suscite l’opposition d’élus américains au moment où Ankara bloque l’élargissement de l’Otan à la Suède et à la Finlande.

" Bien entendu, nous allons aussi aborder des sujets liés à notre coopération bilatérale en matière de défense et tout particulièrement notre demande de F-16 ", a-t-il dit en s’adressant à son homologue américain Antony Blinken, qui le recevait au siège du département d’Etat.

Washington a privé la Turquie du F-35, un bijou technologique à 220 millions de dollars l’unité.

" Comme nous l’avons déjà dit, ce n’est pas seulement pour la Turquie, mais c’est aussi important pour l’Otan et les Etats-Unis. Nous nous attendons donc qu’elle soit approuvée en lien avec nos intérêts stratégiques conjoints ", a-t-il affirmé.

La Turquie souhaite acquérir 40 avions de combat F-16 ainsi que les pièces détachées nécessaires à la maintenance et à la modernisation des F-16 qu’elle possède déjà.

Le président américain Joe Biden a affirmé qu’il soutenait cette livraison de F-16 à la Turquie, lors d’une rencontre avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, en marge du sommet de l’Otan à Madrid en juin.

Le système de défense antiaérien russe S-400 " Triumf ", dont l’acquisition par la Turquie a provoqué l’ire de Washington. (AFP)

La livraison d’avions de combat F-16 à la Turquie, et parallèlement d’avions furtifs F-35 à la Grèce, est un sujet délicat pour le gouvernement américain qui y est favorable, mais qui fait l’objet de l’opposition d’élus américains, dont le puissant chef de la Commission des Affaires étrangères du Sénat, le démocrate Bob Menendez.

Un F-16D, version modernisée du chasseur, aux couleurs des forces aériennes turques.

Dans un discours fin décembre, ce dernier avait dit qu’il s’opposerait à cette vente, fustigeant notamment le bilan de la Turquie en matière de droits de l’homme et sa " campagne d’agression à travers toute la région ", en faisant référence à la Syrie.

Otan ou pas, Erdogan continue à jouer au trublion parmi les Occidentaux.

Le Congrès américain doit être notifié de toute vente d’armements à l’étranger et donner son accord.

En 2019, Washington a exclu la Turquie de son programme d’avions furtifs F-35, en représailles à la décision d’Ankara d’acheter aux Russes leur système anti-missile S-400.

Les sujets de contentieux entre Washington et Ankara sont multiples, mais les Etats-Unis reconnaissent à leur allié turc " un rôle constructif " s’agissant de la guerre en Ukraine, a indiqué le chef de la diplomatie américaine.

Poutine, Raïssi et Erdogan: avec deux pays, l’Iran et la Russie, frappés de sanctions internationales, le choix du président turc risque de faire de son pays une des composantes d’un trio de perdants.

La Turquie bloque depuis mai l’entrée de la Suède et de la Finlande dans l’Otan, l’accusant d’héberger sur son territoire des membres du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et d’organisations alliées à celui-ci, qu’elle considère comme étant terroristes.

Malgré un mémorandum d’accord signé fin juin, Ankara juge ses demandes toujours insatisfaites, notamment pour des extraditions de citoyens turcs que la Turquie veut poursuivre pour " terrorisme ".

Interrogé à ce sujet mercredi, le porte-parole du département d’Etat, Ned Price, a souligné que les Etats-Unis continuaient à soutenir la livraison de F-16 tout en reconnaissant les préoccupations du Congrès citant par exemple, les tentatives de rapprochement entre Ankara et Damas.

" Nous restons très préoccupés par le harcèlement judiciaire continu en Turquie de membres de la société civile, des médias et de dirigeants politiques et d’entrepreneurs ", a-t-il encore dit.

Avec AFP