Suite à des incidents diplomatiques à répétition, ainsi que des manifestation anti-Erdogan de militants radicaux, la Suède se retrouve dans l’impasse pour obtenir le feu vert d’Ankara pour entrer dans l’Otan.

La perspective d’un déblocage pour un feu-vert turc pour l’entrée de la Suède au sein de l’OTAN avant les élections législatives turques prévues mi-mai est désormais très faible. Outre les incidents diplomatiques à répétition entre Stockholm et Ankara, les exigences turques et l’inquiétude de la communauté kurde de Suède rendent la possibilité d’un accord illusoire.

Ligne dure

Samedi, une manifestation – autorisée par la police – devant l’ambassade de Turquie à Stockholm du militant anti-islam et anti-immigration Rasmus Paludan a provoqué la colère turque. Cet extrémiste de droite qui a fait des autodafés du Coran son principal mode d’action politique est venu brûler un exemplaire du livre sacré des musulmans, sous importante protection policière.

La Constitution libérale de la Suède et les libertés de manifester et d’expression avaient conduit la police à considérer que l’action du chef du microparti " Stram Kurs " (Ligne dure) devait être autorisée. Incompréhensible pour Ankara qui, après avoir convoqué l’ambassadeur suédois, a annulé la visite du ministre de la Défense Pål Jonson prévue en fin de semaine prochaine, rare rencontre de haut niveau encore à l’agenda.

Incidents et extraditions

C’est le deuxième incident diplomatique depuis le début de l’année, après celui provoqué mi-janvier par des militants pro-kurdes ayant pendu par les pieds un mannequin d’Erdogan devant l’hôtel de ville de Stockholm, façon Mussolini 1945. Une action qualifiée par le Premier ministre suédois Ulf Kristersson de " sabotage " de la candidature suédoise à l’Otan et de " simulacre d’exécution " d’un dirigeant " démocratiquement élu ".

Dans le même temps, la Turquie semble toujours augmenter la mise, en exigeant un nombre de plus en plus élevé d’extraditions de " terroristes " kurdes habitant en Suède. Jusqu’à 130, a glissé récemment le président Erdogan. Et ce alors que c’est la justice suédoise, et non le gouvernement, qui a le dernier mot sur les demandes d’extradition. La Turquie " veut des choses que nous ne pouvons et ne voulons pas lui donner ", a reconnu M. Kristersson début janvier, en référence à l’épineuse question des extraditions.

Maxime Pluvinet avec AFP