Le gouvernement allemand a annoncé donner son feu vert sur l’envoi de chars Leopard, d’origine allemande, à l’Ukraine, alors que le pays fait face à l’avancée progressive des forces russes à l’Est. Plusieurs pays européens avaient relayé les demandes ukrainiennes pour davantage d’armement, dont la Pologne et la Finlande. En parallèle, le gouvernement ukrainien est éclaboussé par le plus grand scandale de corruption depuis le début de la guerre. 

 

Le gouvernement d’Olaf Scholz a donné son feu vert aux États membres de l’Alliance atlantique qui le souhaitent pour qu’ils puissent livrer à l’Ukraine des chars d’assaut Leopard, de fabrication allemande. (AFP)

 

Sous pression depuis des jours, l’Allemagne a autorisé les pays alliés de livrer des chars lourds Leopard, réclamés avec insistance par l’Ukraine, selon le magazine allemand Spiegel.

Parallèlement, le gouvernement ukrainien se débat dans le plus grand scandale de corruption depuis le début de l’invasion russe, il y a près d’un an.

Quatre vice-ministres, dont celui de la Défense, Viatcheslav Chapovalov, ainsi que cinq gouverneurs et d’autres responsables ont dû quitter leur poste dans la foulée de cette affaire, ont annoncé les autorités ukrainiennes.

À Berlin, le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a déclaré avoir " expressément encouragé les pays partenaires qui ont des chars Leopard prêts à être déployés à entraîner les forces ukrainiennes sur ces chars ", au cours d’une conférence de presse à Berlin avec Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan.

Selon les observateurs, ces chars sont susceptibles d’avoir un impact significatif pour les Ukrainiens face au rouleau compresseur des troupes russes qui reprennent un peu de terrain sur le front de l’est de l’Ukraine. (AFP)

 

Jusqu’ici, la Finlande et la Pologne se sont dites prêtes à le faire. Varsovie, qui veut créer une " coalition de pays soutenant l’Ukraine avec des chars Leopard 2 ", a officiellement envoyé une requête en ce sens, dont la réception a été confirmée mardi par Berlin.

Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a dit espérer une réponse rapide, " parce que les Allemands tardent, tergiversent, agissent d’une manière difficile à comprendre ".

Le président finlandais, en visite surprise à Kiev, a suggéré mardi d’utiliser les importantes capacités de son pays pour entraîner des soldats ukrainiens sur le char de combat Leopard 2, réclamé avec insistance par l’Ukraine à plusieurs pays européens dont l’Allemagne.

Dans le cadre de la discussion en cours en Europe sur l’hypothèse d’envoyer des chars de plusieurs pays, " il y a plusieurs possibilités sur le rôle de la Finlande ", a déclaré le président Sauli Niinistö lors d’une conférence de presse son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, en promettant qu’Helsinki serait " constructif ".

" Nous avons parlé de créer une plateforme séparée pour renforcer l’Ukraine en blindés, notamment des chars. Je suis très heureux que la Finlande y prenne sa place appropriée ", a affirmé le chef d’État ukrainien.

Une attente enfin terminée 
L’Ukraine réclame avec insistance l’envoi de chars Leopard à plusieurs pays européens, dont l’Allemagne (AFP)

 

Le chef de l’Otan a quant à lui salué le " message clair " du nouveau ministre allemand de la Défense, en poste depuis moins d’une semaine.

Réaffirmant l’importance de fournir davantage d’armes lourdes à Kiev, M. Stoltenberg s’est dit " confiant " dans le fait qu’une solution sera " bientôt " trouvée sur les chars d’assaut.

" De telles livraisons n’apporteront rien de bon " aux relations russo-allemandes, a en revanche réagi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, jugeant que cela " laisserait une trace indélébile ".

Selon les observateurs, ces chars sont susceptibles d’avoir un impact significatif pour les Ukrainiens face au rouleau compresseur des troupes russes qui reprennent un peu de terrain sur le front de l’est de l’Ukraine.

La crainte d’une escalade militaire avec Moscou et ses réticences à faire assumer à l’Allemagne un leadership dans le camp occidental (AFP)

 

La crainte d’une escalade militaire avec Moscou et ses réticences à faire assumer à l’Allemagne un leadership dans le camp occidental expliquaient les hésitations du chancelier, selon des analystes.

La corruption, mal endémique de l’Ukraine 
Outre le vice-ministre de la Défense, celui de la Politique sociale et deux autres du Développement territorial ont été démis de leurs fonctions après un scandale de corruption présumé concernant des approvisionnements de l’armée (AFP)

 

Pour l’Ukraine, le soutien militaire et financier des alliés occidentaux est crucial. Elle dit avoir besoin de centaines de chars modernes et d’autres armements pour une nouvelle offensive.

" Aujourd’hui, cela fait exactement 11 mois depuis le début de la guerre à grande échelle. Le 335e jour. Un jour que nous passerons comme le 334e, unissant nos forces pour la victoire ", a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Ce jour est aussi marqué par le retour en force d’un mal endémique dans ce pays : la corruption.

Outre le vice-ministre de la Défense, celui de la Politique sociale et deux autres du Développement territorial ont été démis de leurs fonctions après un scandale de corruption présumé concernant des approvisionnements de l’armée, le premier de cette ampleur depuis le 24 février 2022.

D’autres limogeages avaient déjà récemment eu lieu en Ukraine, qui était classée à la 122e place sur 180 sur l’indice de perception de la corruption de l’ONG Transparency International en 2021.

Dimanche, le ministre adjoint des Infrastructures Vassyl Lozinsky avait été arrêté, accusé d’avoir reçu un pot-de-vin de 400.000 dollars pour " faciliter " l’achat de générateurs à des prix gonflés, au moment où son pays est confronté à de vastes coupures d’électricité à la suite des frappes russes sur les installations énergétiques.

Avec AFP