Derrière l’autel d’une église de la Vieille ville de Jérusalem, Sally Azar officie. Première palestinienne connue à devenir pasteure en Terre sainte, elle espère inspirer à d’autres femmes le désir d’atteindre de hautes responsabilités religieuses ou politiques.

Sally Azar a été ordonnée à la mi-janvier dans l’Église luthérienne, " un moment indescriptible " dans la vie de cette femme de 26 ans.

Elle l’a préparé pendant des années en s’inspirant de figures bibliques féminines qui voulaient " changer des choses dans la société " : Ruth et Esther, qui, dans l’Ancien Testament, jouent un rôle crucial dans l’histoire du peuple juif, ou, dans le Nouveau Testament, la Vierge Marie.

" Je ne veux pas être la seule, la première et la dernière femme ordonnée. C’est mon espoir : que d’autres femmes étudient la théologie et soient ordonnées ", dit-elle.

Son ordination a suscité quelques critiques, mais cela n’a en rien entamé la détermination de la pasteure, qui espère " encourager " les femmes à briguer des postes à responsabilité, que ce soit dans l’Église, en politique ou ailleurs, dit-elle à l’AFP, dans l’Église luthérienne du Rédempteur.

Celle-ci se trouve à quelques mètres de la basilique du Saint-Sépulcre, construite d’après la tradition chrétienne sur le site où Jésus a été crucifié et mis au tombeau avant de ressusciter.

Sally Ibrahim Azar est la première femme pasteur en Terre Sainte de l’Église luthérienne (AFP)

D’après Sally Azar, il ne reste que quelque 3.000 fidèles luthériens en Terre sainte — elle inclut aussi la Jordanie voisine.

La communauté chrétienne se réduit comme peau de chagrin " chaque jour qui passe ", s’alarme-t-elle.

" De nombreuses personnes partent en raison de la situation politique et nombre de nos jeunes étudient à l’étranger et ne reviennent pas ", déplore la pasteure, qui est revenue à Jérusalem " par amour pour (son) pays " et sa communauté, après avoir étudié en Allemagne.

Sa paroisse se trouve en plein cœur de la Vieille ville, à Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé et annexé par Israël.

En 2021, des responsables des Églises locales, qui fustigent fréquemment la colonisation israélienne dans les quartiers chrétiens de la Ville sainte, avaient alerté sur les " attaques fréquentes et répétées de la part de groupes radicaux marginaux " contre les chrétiens.

" Ce n’est pas facile d’être palestinien à Jérusalem, en raison de la politique. Nous sommes confrontés à de nombreux problèmes ", dit Sally Azar. Mais que ce soit pour les Israéliens ou les Palestiniens, " Jérusalem est unique ".

Avec AFP