Après avoir envoyé de l’aide humanitaire et des secouristes via un point de passage frontalier fermé depuis 35 ans, le chef de la diplomatie arménienne s’est rendu mercredi à Ankara pour y rencontrer son homologue turc. Une visite de solidarité qui s’inscrit dans la ligne des efforts fournis par les deux pays pour normaliser leurs relations. 

Le chef de la diplomatie arménienne s’est rendu mercredi en Turquie pour une rare visite dans ce pays endeuillé par un séisme qui y a fait plus de 35.000 morts, Ankara saluant la " solidarité " d’Erevan " en ces jours difficiles ".

" L’Arménie a tendu une main amicale à notre peuple en ces jours difficiles ", a salué le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu lors d’une conférence de presse conjointe à Ankara avec son homologue arménien Ararat Mirzoïan.

Cette visite s’inscrit dans la lignée des efforts fournis ces derniers mois par Ankara et Erevan pour normaliser leurs relations empoisonnées notamment par la question du génocide des Arméniens sous l’Empire ottoman, que nie la Turquie.

Après le séisme qui a ravagé le sud de la Turquie et le nord de la Syrie voisine le 6 février, l’Arménie a envoyé des secouristes et de l’aide humanitaire à Ankara, notamment via un point de passage frontalier fermé depuis 35 ans.

L’ouverture de ce point de passage est " historique ", a déclaré M. Mirzoïan, dont la précédente visite en Turquie remontait à mars 2022.

Après le séisme qui a ravagé le sud de la Turquie et le nord de la Syrie voisine le 6 février, l’Arménie a envoyé des secouristes et de l’aide humanitaire à Ankara, notamment via un point de passage frontalier fermé depuis 35 ans. (AFP)

Nombre d’experts évoquent une " diplomatie du séisme ", qui consiste à aider un pays voisin frappé par une catastrophe naturelle, malgré les tensions. Ainsi, Ankara avait aidé Erevan après un séisme qui l’avait frappé en 1988.

M. Cavusoglu a aussi remercié les secouristes arméniens qui " ont sauvé une petite fille et une femme " à Adiyaman, l’une des villes frappées par le séisme. " Nous avons vu à quel point ils étaient heureux en sauvant nos habitants ".

Il a ajouté que les deux pays étaient d’accord pour " accélérer " la rénovation de routes et des ponts permettant de relier la Turquie et l’Arménie.

Ce déplacement de M. Mirzoïan intervient aussi alors qu’Erevan accuse l’Azerbaïdjan, l’un des plus proches alliés de la Turquie, d’orchestrer le " blocus " d’une enclave majoritairement peuplée d’Arméniens dans la région disputée du Nagorny Karabakh.

Erevan accuse l’Azerbaïdjan, l’un des plus proches alliés de la Turquie, d’orchestrer le " blocus " d’une enclave majoritairement peuplée d’Arméniens dans la région disputée du Nagorny Karabakh. (AFP)

Les relations entre la Turquie et l’Arménie restent empoisonnées par le souvenir du génocide des Arméniens entre 1915 et 1917.

De nombreux historiens qualifient les massacres systématiques d’Arméniens par les troupes de l’Empire ottoman de génocide, évoquant entre 600.000 et 1,5 million de morts.

Mais la Turquie, héritière de l’Empire ottoman, réfute le terme de génocide et soutient que des centaines de milliers d’Arméniens et de Turcs sont morts lors d’une guerre civile doublée d’une famine.

Les deux pays ont cependant entamé l’an dernier un processus de normalisation, avec notamment la nomination d’envoyés spéciaux qui se sont rencontrés plusieurs fois et la reprise de vols commerciaux.

Sami Erchoff avec AFP