Un responsable de l’Union européenne a accusé la Russie de miner les négociations entre la Serbie et le Kosovo. Sous l’égide de l’Union européenne, ces discussions doivent permettre une normalisation des relations bilatérales.

La Russie tente de faire dérailler les négociations entre la Serbie et le Kosovo, a averti vendredi un responsable de l’Union européenne avant la reprise de pourparlers à Bruxelles pour parvenir à une " reconnaissance de facto " entre les anciens ennemis.

Le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell doit accueillir lundi le président serbe Aleksandar Vucic et le Premier ministre kosovar Albin Kurti pour tenter de parvenir à la normalisation des relations entre Belgrade et Pristina.

Les deux parties ont accepté les termes d’un plan européen qui conduirait à rétablir leurs liens plus de deux décennies après la guerre qui les a opposés, a assuré le responsable européen, sous couvert d’anonymat.

Mais le succès du plan dépendra de sa mise en œuvre par les deux parties dans les mois à venir, et Moscou œuvre pour pousser la Serbie à s’opposer à tout accord, a-t-il déploré.

" La Russie est intervenue récemment ", a-t-il affirmé. Selon lui, l’ambassadeur russe à Belgrade est " hyperactif ", multiplie les entretiens avec la presse et soutient que " ce n’est pas le bon moment pour aborder la question du Kosovo, qu’il faut attendre qu’un nouvel ordre mondial soit établi entre Russie et Occident ".

" Je vois cela comme une menace adressée au président Vucic, un avertissement pour qu’il n’accepte pas la proposition (…) Je n’ai pas remarqué que cela avait eu un impact sur sa position, mais cela a eu un impact sur une partie de l’opposition en Serbie, nous avons vu des manifestations violentes ", juge le responsable européen.

La ministre française de l’Europe et des Affaires étrangères Catherine Colonna, le Premier ministre kosovar Albin Kurti et le chancelier allemand Olaf Scholz avant une réunion à la Conférence de Munich sur la sécurité (AFP)

Le Kosovo, ex-province serbe dont les 1,8 million d’habitants sont très majoritairement albanais, a déclaré son indépendance en 2008, mais celle-ci n’est pas reconnue par la Serbie.

Depuis novembre 2022, les tensions se sont aggravées dans le nord du Kosovo, où Belgrade encourage la minorité serbe à refuser toute loyauté à Pristina.

Cinq pays de l’UE (Grèce, Espagne, Roumanie, Slovaquie et Chypre) ne reconnaissent pas non plus l’indépendance du Kosovo.

Le plan de paix élaboré par l’UE n’a pas été rendu public, permettant aux deux parties de présenter leur interprétation.

" Il s’agit d’une reconnaissance de facto ", a déclaré le responsable européen.

" Il y a beaucoup de substances dans ce document, qui détendrait l’atmosphère et éliminerait nombre d’obstacles ", dont la réticence de Pristina à accepter une " Association des municipalités serbes " à l’intérieur du Kosovo, a-t-il estimé.

Belgrade a déposé sa candidature d’adhésion à l’UE en décembre 2009 et les négociations d’adhésion ont débuté en 2013. Le Kosovo a pour sa part demandé le statut de candidat en décembre 2022.

La lenteur des procédures a refroidi l’enthousiasme pour l’Europe en Serbie et dans les autres pays candidats des Balkans occidentaux, mais les inquiétudes provoquées par la guerre en Ukraine pourraient relancer la " locomotive " de l’intégration européenne, a soutenu le responsable européen.

Marie de La Roche Saint-André, avec AFP