Insécurité alimentaire, difficultés d’accès à l’eau et aux médicaments ou encore taux faramineux de déscolarisation : la situation du Soudan empire depuis le putsch d’octobre 2021. L’ONU appelle à une aide humanitaire massive.

Plus du tiers de la population aura besoin d’aide humanitaire en 2023 au Soudan, en raison de la faim et de l’augmentation du nombre de personnes déplacées dans ce pays d’Afrique du Nord-Est, l’un des plus touchés par la faim dans le monde, prévient l’ONU.

" Le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë a continué d’augmenter pour la troisième année consécutive ", indique l’ONU dans un rapport publié dimanche, recensant quatre millions d’enfants de moins de cinq ans et de femmes enceintes et allaitantes qui auront besoin de " soins vitaux " pour survivre à la faim.

Femmes et enfants soudanais dans un centre de nutrition pour personnes déplacées situé au Camp de Kalma (Photo de Abdelmonim MADIBU / AFP)

Avec " 13,6% de la population " en situation d’insécurité alimentaire aiguë, " le Soudan est l’un des pays les plus touchés au monde ", poursuit l’ONU, soulignant que deux millions de personnes avaient souffert de la faim rien qu’en 2022.

En raison d’une économie en chute libre depuis le putsch d’octobre 2021 et de la suspension de l’aide internationale qui a suivi, " environ 15,8 millions de personnes auront besoin d’une aide humanitaire, soit 1,5 million de plus qu’en 2022, la plus forte augmentation depuis 2011 ", rapporte l’ONU.

Dans l’un des pays les plus menacés au monde par le changement climatique, les inondations ont encore touché 349.000 personnes en 2022 tandis que la dengue et le paludisme prospèrent dans les eaux stagnantes: " Le seuil épidémique du paludisme a été franchi dans 14 (des 18) États du Soudan en 2022, deux fois plus qu’en 2021 ", selon l’ONU.

Avec 3,7 millions de déplacés, pour les deux tiers depuis 10 ou 20 ans, 314.000 Soudanais ont rejoint les rangs des familles ayant quitté leur village en 2022, notamment du fait de conflits tribaux ou pour l’accès à la terre ou à l’eau qui ont fait près d’un millier de morts et réduit en cendres des centaines de villages, de cultures et de troupeaux.

Une mère et sa fille dans le centre de nutrition du Camp Kalma (Photo de Abdelmonim MADIBU / AFP)

Les violences, la crise économique et la gabegie ont en outre achevé des services publics déliquescents depuis des décennies: un Soudanais sur trois doit marcher plus d’une heure pour trouver un établissement médical, où l’accès aux médicaments essentiels est de moins en moins assurée.

L’eau est aussi de plus en plus rare: " Environ 26% des habitants disent marcher plus de 50 minutes pour trouver de l’eau, ce qui les expose à des risques sécuritaires, en premier lieu les femmes ".

Parmi les réfugiés, le deuxième plus gros contingent d’Afrique, " 70% des enfants en âge d’aller en primaire sont déscolarisés et 90% au secondaire ", ajoute encore l’ONU.

Sami Erchoff avec AFP