Théâtre de la plus longue et la plus sanglante bataille depuis le début de l’invasion, la ville ukrainienne de Bakhmout est au cœur des combats et, pilonnée depuis l’été, elle oppose une résistance farouche aux Russes. La cité est devenue un symbole, car la victoire d’un des deux camps aura une répercussion certaine sur sa réputation et le moral de ses troupes. Le groupe de mercenaires russes Wagner a déclaré à plusieurs reprises avoir investi la ville, des annonces vite démenties par Kiev.

La bataille pour Bakhmout, ville industrielle dont l’importance stratégique est contestée, dure depuis l’été. La cité est devenue un symbole, car elle est au cœur des combats entre Russes et Ukrainiens depuis des mois.

De plus, l’enlisement russe à Bakhmout, source d’embarras pour la deuxième armée mondiale, a été exploité à Moscou par le chef du groupe paramilitaire russe Wagner, réputé proche de Poutine. Evgueni Prigojine a multiplié les déclarations humiliantes contre l’État-major russe, " incapable " selon lui de réussir l’offensive.

Le patron de Wagner est apparu dans une vidéo publiée le 4 mars montrant ce qu’il dit être des cercueils contenant des corps de soldats ukrainiens expédiés vers le territoire contrôlé par Kiev. (Voir vidéo). Très au fait des médias sociaux, Prigojine fait connaître depuis des semaines l’avancée de ses hommes vers la ville de Bakhmout, dont l’importance symbolique l’emporte sur toute signification militaire.

Prigojine poste régulièrement des vidéos de lui-même aux côtés de mercenaires, sur le terrain ou même dans un avion de chasse, ce qui contraste avec les généraux russes critiqués pour avoir fui la ligne de front.

Malgré les assauts répétés, les forces ukrainiennes ont indiqué avoir repoussé " plus de 130 attaques ennemies " lors des dernières 24 heures, dans plusieurs secteurs du front. Le groupe Wagner avait assuré vendredi avoir " pratiquement encerclé " la ville.

" Les Russes pourraient essayer d’encercler les forces ukrainiennes à Bakhmout, mais le commandement ukrainien a donné le signal qu’il préférait se retirer plutôt que risquer un encerclement ", a estimé samedi l’Institut pour l’Étude de la guerre (ISW), un groupe d’experts américains.

Le ministère russe de la Défense a affirmé que le ministre Sergueï Choïgou s’était rendu samedi dans un poste de commandement avancé en Ukraine, dans la zone " Donetsk-Sud ", sans préciser le lieu exact, ni la date de cette visite. Probablement, une opération de communication destinée à répliquer aux déclarations de Wagner.

Selon des images publiées samedi par l’armée russe, Sergueï Choïgou a également assisté à une réunion avec les hauts gradés russes en charge de l’offensive en Ukraine, notamment le chef de l’État-major, Valéri Guerassimov.

La présidente du Parlement européen chez Zelensky
Volodymyr Zelensky et la présidente du Parlement européen Roberta Metsola lors de la prise d’un " selfie " devant des étudiants de plusieurs universités ukrainiennes réunis à Lviv.

Sur le front diplomatique, Volodymyr Zelensky a reçu samedi à Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine, la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola. Tous deux ont dit espérer l’ouverture, dès cette année, de négociations pour que l’Ukraine rejoigne l’Union européenne.

Samedi, M. Zelensky est également revenu sur la situation à la centrale nucléaire de Zaporijjia, dans le sud de l’Ukraine, un an après sa capture par les forces russes. Le président ukrainien a dénoncé " la prise en otage " de la centrale, la plus grande d’Europe, et appelé l’Occident à sanctionner l’industrie nucléaire russe.

Dans une interview à l’AFP, le maire en exil de la ville d’Energodar, où est située la centrale, a affirmé que cette dernière était désormais à l’arrêt et avait été transformée de facto en " base militaire " où s’abritent les forces russes.

Aux avant-postes du soutien occidental à Kiev, le président américain Joe Biden a de son côté annoncé vendredi une nouvelle aide militaire à l’Ukraine de 400 millions de dollars.

Washington a inclus dans cette aide des munitions, notamment pour le système de roquettes Himars, que les forces ukrainiennes ont utilisé avec un effet dévastateur sur les troupes et lignes logistiques russes.

Georges Haddad, avec AFP