L’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm a publié son rapport annuel sur l’état du commerce d’armes dans le monde. Sans surprise, l’Ukraine se hisse à la troisième place des importateurs mondiaux, la guerre ayant largement profité à l’industrie de l’armement.

Les importations d’armement en Europe ont quasiment doublé en 2022, tirées par les livraisons massives vers l’Ukraine devenue troisième destination mondiale, selon un rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri) publié lundi.

Hors Ukraine, la hausse des importations européennes a tout de même atteint 35% en 2022, selon les données du Sipri.

L’Ukraine, jusqu’ici un importateur négligeable d’armement, est devenue subitement la troisième destination d’armement dans le monde l’an passé, derrière le Qatar et l’Inde, conséquence directe de l’aide occidentale pour repousser l’invasion russe.

S’il est difficile à chiffrer du fait de l’opacité de nombreux contrats, le commerce mondial d’armement dépasse les 100 milliards de dollars annuels, selon les experts. Pour un montant global des dépenses militaires qui a pour la première fois franchi les 2.000 milliards de dollars en 2021, selon le Sipri.

Une Europe en guerre

Attendu, le bond des importations européennes accélère spectaculairement une tendance à la hausse sur le Vieux continent, conséquence du réarmement amorcé depuis plusieurs années après l’annexion de la Crimée par Moscou, et qui s’accélère désormais à vitesse grand V.

" Les pays européens, on soit déjà commandé ou prévoient de le faire tous types d’armements. Sous-marins, avions de combat, en passant par les drones, les missiles antichars, les fusils et les radars ", souligne à l’AFP Pieter Wezeman, coauteur du rapport annuel depuis plus de trois décennies.

L’Union européenne, qui peaufine actuellement un plan pour donner des millions d’obus à l’Ukraine, travaille également à augmenter sa production localement en Europe.

A la différence de l’Europe, tous les autres continents affichent un recul des importations sur cinq ans, avec une baisse marquée en Afrique (-40%), en Amérique du Nord et du Sud (-20%) et même en Asie (-7%) et au Moyen-Orient (-9%), premiers marchés mondiaux.

Autre inflexion majeure: selon le Sipri, le Moyen-Orient est devenu en 2022 la première zone d’importation l’an passé, avec 32% du total.

Outre le Qatar (10% du total), l’Inde (9%) et l’Ukraine (8%), l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis (7% chacun) ainsi que le Pakistan (5%) ont été les principaux importateurs.

Côté exportateurs, le top 5 mondial des cinq dernières années est toujours assuré par les Etats-Unis (40%), puis la Russie (16%), la France (11%), la Chine (5%) et l’Allemagne (4%), soit à eux cinq les trois quarts du total.

Maureen Décor, avec AFP