Le président américain Joe Biden a dévoilé son programme militaire dans le Pacifique avec le lancement d’un nouveau sous-marin de pointe. Une décision vivement critiquée par la Chine.

Une coopération " sans précédent " annoncée sous un soleil californien radieux: Joe Biden, avec les dirigeants australien et britannique, a lancé lundi un spectaculaire programme de sous-marins à propulsion nucléaire, destiné à tenir tête à la Chine dans le Pacifique.

Entouré d’Anthony Albanese et de Rishi Sunak, Joe Biden a assuré que les Etats-Unis ne pouvaient avoir " de meilleurs amis ", en vantant cette alliance à trois baptisée AUKUS, qui avait fait enrager la France lors de son annonce il y a dix-huit mois.

Selon le gouvernement australien, ce projet pluridécennal, qui coûtera près de 40 milliards de dollars sur les dix premières années, générera environ 20.000 emplois.

M. Albanese a souligné que l’Australie est, après la Grande-Bretagne, le deuxième pays à avoir accès aux secrets nucléaires de la marine américaine.

Le programme de sous-marins d’attaque, qui a l’ambition de remodeler la présence militaire occidentale dans le Pacifique, se déclinera en trois phases, a détaillé la Maison Blanche.

Et selon un principe " crucial ", martelé par Joe Biden: " ces sous-marins seront à propulsion nucléaire, mais ne porteront pas d’armes nucléaires ", pour respecter le principe de non-prolifération.

Il y aura d’abord une phase de familiarisation de l’Australie – qui n’a pas de sous-marins à propulsion nucléaire, ni de technologie nucléaire qu’elle soit militaire ou civile.

Dans un deuxième temps, et sous réserve du feu vert du Congrès américain, l’Australie va acheter trois sous-marins américains à propulsion nucléaire de la classe Virginia, avec une option sur deux navires submersibles supplémentaires.


Enfin – c’est la troisième, et la plus ambitieuse étape du programme – les Etats-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni vont s’associer pour une nouvelle génération de sous-marins d’attaque, baptisée SSN AUKUS.

La conclusion de l’alliance AUKUS, avec pour corollaire l’annulation par Canberra du contrat d’acquisition de 12 sous-marins français, avait donné lieu en 2021 à une crise diplomatique avec la France, qui avait crié à la " trahison ".

Désormais, le projet indispose surtout la Chine.

" Nous appelons les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l’Australie à abandonner la mentalité digne de la Guerre froide et les jeux à somme nulle ", avait déclaré Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, avant les annonces de lundi.

Il a en effet affirmé que l’alliance AUKUS devait assurer que " la zone indo-pacifique reste libre et ouverte ", une formule qui dans le jargon diplomatique américain, désigne la volonté de contrer l’influence chinoise dans la région.

Marie de la Roche Saint-André, avec AFP