Pour marquer le 12e anniversaire des premières manifestations de la " révolution orpheline " (pour reprendre les termes de Ziad Majed) contre le régime du président Bachar al-Assad, quelques milliers de Syriens ont manifesté mercredi dans la ville d’Idleb. Ils refusent toute " normalisation " internationale avec Damas.

À Idleb, dans le dernier bastion anti-régime, quelques milliers de Syriens ont manifesté pour marquer les 12 ans du début du soulèvement de 2011. La répression brutale de ce mouvement avait déclenché une guerre civile meurtrière, qui s’est complexifiée avec l’intervention de plusieurs acteurs au fil des années, et entraîné l’isolement de Bachar al-Assad sur le plan diplomatique.

Assad à Moscou

Entre-temps, le président Assad effectue une visite officielle à Moscou, qui a apporté un soutien militaire décisif à l’armée syrienne dans la guerre, alors qu’à Idleb (nord-ouest), dernière enclave résistant à son régime malgré des années d’offensives meurtrières soutenues par la Russie, des milliers de manifestants ont arboré des drapeaux et banderoles de l’opposition syrienne.

" Le peuple réclame la chute du régime " ou " Liberté et dignité pour tous les Syriens ", pouvait-on lire sur deux banderoles sur la façade d’un bâtiment de la place principale de la ville. Les régions échappant au contrôle de Damas dans le nord de la Syrie comptent actuellement plus de quatre millions d’habitants, dont au moins la moitié sont des déplacés.

Non à la normalisation

" Nous sommes venus célébrer l’anniversaire de la révolution, une grande date que tout Syrien libre porte dans son coeur ", dit à l’AFP Abou Chahid, un manifestant de 27 ans. " Nous sommes fiers de ce jour où nous sommes parvenus à briser la barrière de la peur et manifester face au régime criminel ". Le tremblement de terre dévastateur du 6 février a donné lieu à une intense " diplomatie du séisme " ayant permis au président Assad de sortir quelque peu de son isolement, plusieurs pays arabes ayant repris contact avec lui pour envoyer de l’aide à son pays.

Mais, " même si tous les pays du monde normalisent (leurs relations) avec le régime, la révolution continuera ", promet à l’AFP une manifestante à Idleb, Salma Seif, 38 ans, déplacée de Damas. " Je suis contre tout compromis avec un régime criminel ", dit pour sa part à quelques mètres de là Ali Hajj Sleimane, 24 ans et handicapé depuis une frappe aérienne du régime qui l’a grièvement blessé.

Maxime Pluvinet avec AFP