Équipé de bras artificiels, il est doté d’un écran noir sur lequel flottent, en guise d’yeux, deux cercles bleus. Voici " Garmi ", le robot qui pourrait pallier la pénurie de soignants.

Pour le médecin à la retraite, Günter Steinebach, " c’est un rêve ", qui pourrait permettre de " faire des diagnostics et de soigner " et peut-être aussi à terme de prodiguer soins et traitements.

L’humanoïde " Garmi " a été conçu par une dizaine de chercheurs spécialisés en " gériatronique ", nouvelle discipline mettant les nouvelles technologies au service de la gériatrie. Ils sont rattachés depuis la station de Garmisch-Partenkirchen à l’université technique de Munich (TUM).

Le choix de cette station des Alpes bavaroises ne doit rien au hasard: Garmisch-Partenkirchen compte un grand nombre de personnes âgée, dans un pays, l’Allemagne, confronté à un taux de vieillissement parmi les plus élevés au monde.

Alors que le nombre de postes de soignants à pourvoir d’ici 2050 est évalué à 670.000, l’objectif des chercheurs est simple: introduire des robots dans les lieux de santé, les maisons de retraite ou les logements de personnes âgées, et ainsi éviter au médecin de multiplier les déplacements.

Polyvalent

" Nous avons des distributeurs automatiques pour l’argent aujourd’hui ? On pourrait imaginer qu’un jour, sur le même modèle, des gens viennent faire leur examen médical dans une sorte de hub technologique ", explique le docteur Abdeldjallil Naceri, 43 ans, chercheur principal et responsable scientifique du laboratoire.

Un employé est assis devant le robot Garmi dans le laboratoire du Centre de recherche en gériatronique de l’Université technique de Munich, à Garmisch-Partenkirchen, dans le sud de l’Allemagne, le 6 mars 2023. (AFP)

Les médecins pourraient ainsi évaluer les résultats du robot à distance, ce qui pourrait s’avérer particulièrement utile pour les personnes vivant dans des endroits éloignés.

Multitâches, les robots sont aussi susceptibles de servir les repas, ouvrir une bouteille d’eau, appeler à l’aide en cas de chute ou organiser une conversation vidéo avec famille et amis.

Acceptation

" Il faut y arriver, les statistiques le montrent, c’est urgent. Dès 2030, il faudrait pouvoir intégrer ce genre de technologie dans notre société ", plaide le Dr Naceri. Reste à savoir si Garmi sera prêt à être produit à la chaîne et utilisé au quotidien. Les coûts de sa fabrication et de son utilisation n’ont pas encore été chiffrés.

L’idée fait sourire Madame Rohrer, 74 ans, résidente de la maison de retraite Sankt Vinzenz à Garmisch-Partenkirchen. " Il y a des choses qu’un robot pourrait faire, par exemple servir à boire ou porter à manger ", estime-t-elle pendant qu’Eva Pioskowik, directrice trentenaire de l’établissement, lui fait les ongles en discutant.

Cette dernière, pour qui le manque de personnel " fait partie du quotidien ", estime qu’il n’y a pas de remède miracle à une situation extrêmement tendue. " Un robot ne serait pas la solution, mais il pourrait peut-être permettre au personnel de passer plus de temps avec les résidents ", fait-elle valoir.

Avec AFP