Les talibans ont pris la décision mardi 4 avril de ne plus autoriser les femmes à travailler pour l’Organisation des Nations-Unies. Une nouvelle vivement critiquée par l’institution, qui a dénoncé une décision " inacceptable "

Les talibans ont étendu aux Afghanes employées par l’ONU, " essentielles " pour la distribution de l’aide humanitaire, l’interdiction de travailler dans tout le pays, a annoncé mardi le porte-parole de l’ONU, dénonçant une décision " inacceptable et franchement inconcevable ".

" La Manua a entendu parler d’un ordre des autorités de facto qui interdisent aux employées nationales de l’ONU de travailler " et " on nous a dit par différents canaux que l’interdiction s’applique à tout le pays ", a déclaré à la presse le porte-parole du secrétaire général de l’ONU Stéphane Dujarric.

Notant qu’aucun ordre écrit n’avait été reçu à ce stade, il a précisé que des responsables de l’ONU devaient rencontrer les autorités mercredi à Kaboul pour tenter d’obtenir de la " clarté ".

" Pour le secrétaire général (Antonio Guterres) une telle interdiction serait inacceptable et franchement inconcevable ", a-t-il ajouté, dénonçant la volonté de " saper les capacités des organisations humanitaires d’aider ceux qui en ont le plus besoin ".

Le 24 décembre 2022, le ministère afghan de l’Economie avait annoncé que les 1.260 ONG exerçant dans le pays avaient désormais interdiction de travailler avec des femmes afghanes, en raison de " graves plaintes " quant au non-respect du port du hijab, qui doit couvrir entièrement le corps et le visage. L’ONU n’était toutefois pas concernée.

Depuis leur retour au pouvoir en août 2021, les talibans sont revenus à l’interprétation austère de l’islam qui avait marqué leur premier passage au pouvoir (1996-2001) et ont multiplié les mesures liberticides à l’encontre des femmes.

Aubin Eymard avec AFP