Mardi, la livre turque est tombée à 19,59 livres pour un dollar, un record depuis l’introduction de la monnaie en 2005. Un véritable aveu d’échec pour le président Erdogan, qui, en exigeant l’abaissement du taux d’intérêt de la banque centrale de 19% à 8.5%, a favorisé la croissance économique aux dépens de l’inflation et de la stabilité monétaire. 

La livre turque est descendue mardi au plus bas niveau de son histoire face au dollar, alors que l’incertitude plane quant à l’issue de scrutins présidentiel et législatif, mi-mai, qui pourraient entraîner la première alternance politique depuis vingt ans.

La devise est tombée à 19,5996 livres pour un dollar, du jamais vu depuis l’introduction de la nouvelle livre, en janvier 2005, amputée de six zéros par rapport à sa valeur antérieure.

Depuis la dépréciation accélérée de la monnaie turque, fin 2021, le gouvernement a mis en place des mesures pour soutenir la livre, rongée par l’inflation et les sorties de capitaux.

" Cela a échoué ", souligne Mike Harris, du cabinet de conseil Cribstone Strategic Macro.

Même si l’inflation a décéléré de façon continue depuis cinq mois, elle ressortait encore à 50,51% sur un an en mars.

Parallèlement, alors que la plupart des grandes économies ont procédé à des resserrements monétaires brutaux pour juguler la flambée des prix, la Turquie les a, elle, en revanche, réduit drastiquement.

Le principal taux directeur de la banque centrale turque (TCMB) a ainsi été abaissé de 14% à 8,5% depuis août dernier, sous l’impulsion du président Recep Tayyip Erdogan, selon lequel les taux d’intérêt élevés favorisent l’inflation, ce qui contredit toutes les théories économiques dominantes.

Le principal adversaire de M. Erdogan lors du scrutin présidentiel du 14 mai, Kemal Kiliçdaroglu, promet, en cas de victoire, de revenir à une forme d’orthodoxie économique et de restaurer l’indépendance de la banque centrale.

Le bilan économique du président sortant a contribué à affaiblir sa candidature à une réélection, au point que les derniers sondages donnent désormais un léger avantage à son principal opposant.

Sami Erchoff avec AFP