Alors que le Soudan est plongé dans une véritable guerre civile depuis samedi dernier, le rapport de force n’est pas encore clairement apparu entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide du général Mohamed Hamdane Daglo. Pays à la géographie et aux ressources stratégiques, le Soudan constitue un enjeu crucial pour de nombreux acteurs internationaux, qui se sont d’ores et déjà positionné en faveur de l’un ou l’autre camp. 

Depuis le 15 avril, l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo s’affrontent au Soudan.

Plus de 400 personnes ont été tuées, des milliers blessées et le bilan pourrait encore s’alourdir.

Quels sont les rapports de force entre les deux belligérants ? 

Military Balance Plus et International Institute for Strategic Studies (IISS) estiment que l’armée compte 100.000 hommes, contre 40.000 paramilitaires.

Plusieurs experts avancent cependant le chiffre de 100.000 paramilitaires, tout en donnant la supériorité numérique à l’armée.

Mais sur le terrain, aucun camp ne semble prendre l’avantage en près d’une semaine de combats acharnés.

Pour Alex de Waal, spécialiste de l’Afrique, les deux forces " ont la même taille et la même capacité de combat ".

Alors que militaires et paramilitaires se battaient d’habitude ensemble contre des groupes rebelles dans des provinces éloignées, cette fois non seulement ils s’affrontent mais ils le font sur un terrain qu’ils connaissent peu: Khartoum.

Dans ce nouveau bras de fer, " ni l’armée ni les FSR ne semblent vouloir plier ", affirme Aly Verjee, chercheur au Rift Valley Institute.

Par ailleurs, les FSR, " veulent faire durer le conflit " pour épuiser les capacités –limitées– de l’aviation et faire perdre à l’armée son principal avantage : son contrôle du ciel, affirme-t-il.

L’objectif de l’armée est lui d' "affaiblir les FSR au plus vite ". " Si elle relâche sa pression, les FSR pourront tenir plus longtemps ", poursuit l’expert.

L’armée peut aujourd’hui profiter de " leur faible structure de commandement et du fait que leur approvisionnement n’est pas garanti ", ajoute-t-il.

Quels sont les soutiens internationaux des deux parties? 

Au nord, " l’Égypte, qui se verrait bien en puissance coloniale, soutient l’armée ", affirme Mme Henry, pour préserver sa part d’eau du Nil notamment.

Au sud, l’Éthiopie " se pose contre Le Caire " –là aussi à cause du partage du débit du Nil– et donc peut prendre position en faveur des FSR.

À l’est, " les Émirats arabes unis, qui soutiennent Daglo parce qu’il a participé à la coalition saoudienne au Yémen, ont peut-être vendu des armes aux FSR ", ajoute-t-elle. L’Arabie Saoudite, elle, pourrait potentiellement soutenir Daglo de même. Avec les États-Unis, les deux pays du Golfe sont engagés dans une tentative d’arbitrage entre Daglo et al-Burhane.

Quant aux déserts du Tchad et de la Libye, qui bordent le bastion du général Daglo, le Darfour, ils sont des canaux possibles pour l’envoi de munitions et de mercenaires aux FSR.

Par ailleurs, de nombreux rapports internationaux ont fait état d’une implantation massive du groupe de mercenaires russes Wagner, notamment au niveau des ports soudanais et des mines d’or. Ils seraient impliqués dans le marché de l’or et offriraient leur soutien au général Daglo, bien que cette information soit niée par l’entreprise.

Sami Erchoff avec AFP