Aux prises avec un virus intestinal, le président turc Recep Tayyip Erdogan est réapparu jeudi en direct à la télévision, deux jours après avoir dû interrompre une interview en direct.

Le chef de l’Etat, contraint d’annuler ses déplacements mercredi et jeudi, à 17 jours d’élections présidentielle et législatives périlleuses, s’est exprimé par visioconférence depuis le palais présidentiel à Ankara pour l’inauguration de la première centrale nucléaire de Turquie.

" Notre pays s’est hissé dans la ligue des pays dotés de l’énergie nucléaire ", s’est félicité M. Erdogan, les traits tirés, dissipant toutefois les rumeurs les plus alarmistes sur son état de santé.

L’inauguration de la centrale d’Akkuyu, au sud du pays, non loin de la ville de Mersin, construite par le géant russe Rosatom, devait être un des moments forts de la semaine pour le président turc.

M. Erdogan, qui devait initialement se rendre sur place, avait même escompté la visite du président russe Vladimir Poutine, qui s’est également exprimé par visioconférence avant lui.

Poutine a apporté de son côté un soutien appuyé à son homologue turc en saluant un dirigeant aux " objectifs ambitieux ".

Cette centrale " est un exemple convaincant de tout ce que vous, monsieur le président Erdogan, faites pour votre pays, pour le développement de son économie, pour tous les citoyens turcs ", a déclaré M. Poutine.

" Je veux le dire sans détour: vous savez comment fixer des objectifs ambitieux et vous cherchez à les atteindre avec confiance ", a ajouté M. Poutine, des déclarations particulièrement chaleureuses qui témoignent de l’étroite relation personnelle nouée par les deux dirigeants ces dernières années.

" Cette cérémonie montre que le gouvernement turc et le président, personnellement, accordent une grande attention au développement des relations russo-turques dans tous les domaines ", a poursuivi le maître du Kremlin.

" Nous soutenons une telle attitude et sommes convaincus qu’une coopération et un partenariat étroits entre la Russie et la Turquie sont mutuellement bénéfiques ", a-t-il insisté.

Arrivés au pouvoir au début des années 2000, MM. Erdogan et Poutine ont renforcé leurs relations depuis près d’une décennie, notamment sur fond de tensions entre leurs pays et l’Occident.

Malgré des intérêts divergents, ils coopèrent sur plusieurs dossiers, comme la Syrie. Le président turc est aussi l’un des rares dirigeants à avoir de bonnes relations à la fois avec Moscou et Kiev malgré le conflit en Ukraine.

L’inauguration de la centrale d’Akkuyu est l’un des symboles de ce partenariat, " l’un des projets mutuels les plus importants de l’histoire des relations russo-turques ", a vanté jeudi M. Poutine.

Roger Barake, avec AFP