Un accord a été signé entre le Kurdistan autonome et le gouvernement fédéral irakien pour la reprise des exportations de pétrole du nord du pays. Les Kurdes ont ainsi retrouvé une importante source de financement, mais ils ont dû se plier aux exigences du pouvoir fédéral qui insistait sur le partage des revenus de l’or noir irakien.

L’Irak a annoncé une reprise dès samedi des exportations de brut du Kurdistan autonome via la Turquie, grâce à un accord trouvé plus d’un mois après une très coûteuse interruption des opérations.

Après avoir fait cavalier seul des années pour exporter le pétrole de ses territoires via la Turquie, le Kurdistan irakien a dû se plier fin mars à une décision d’arbitrage en faveur du gouvernement de Bagdad quant à la gestion de ce pétrole.

Les exportations avaient été interrompues. Un accord temporaire signé entre les deux parties en avril stipulait que les ventes du Kurdistan passeront désormais par l’Entreprise pétrolière d’Etat (Somo).

Les revenus des exportations kurdes iront sur un compte bancaire conjoint. Mais certaines questions restaient en suspens.

La relance des opérations est une aubaine sur le plan économique. La suspension, intervenue fin mars, représentait un manque à gagner d’environ " un milliard de dollars " a expliqué à l’AFP l’analyste Kovand Shirwani.

Mais elle entérine aussi la fin de l’indépendance du Kurdistan autonome sur le dossier des hydrocarbures: depuis près d’une décennie l’or noir représentait le poumon économique de la région, avec 475.000 barils exportés quotidiennement via la Turquie, sans l’aval de Bagdad. Et longtemps ces exportations ont été source de tensions avec le pouvoir fédéral.

Jusqu’à présent le Kurdistan pratiquait des " prix préférentiels " plus bas que ceux des marchés internationaux, pour attirer les acheteurs refroidis par les pressions et menaces de poursuites de Bagdad.

Pour le pouvoir fédéral, c’est la garantie de recettes supplémentaires: en mars, les exportations d’hydrocarbures de Bagdad engrangeaient 7,5 milliards de dollars, pour un pays ultra-dépendant de sa manne pétrolière qui exporte en moyenne 3,3 millions de barils de brut par jour.

Roger Barake, avec AFP