Les résultats des élections générales turques du dimanche 14 mai pointaient vers la tenue d’un second tour pour la présidentielle. Prévu pour le dimanche 28, si cela venait à être confirmé, il confirmerait la profonde fracture entre partisans du pouvoir et opposition.

Un second tour inédit semble se profiler à l’horizon dimanche soir en Turquie, suspendue aux résultats du dépouillement de l’élection présidentielle, qui donnent le président Recep Tayyip Erdogan au coude à coude avec son adversaire Kemal Kiliçdaroglu.

Le chef de l’État de 69 ans, au pouvoir depuis 20 ans, perdait dans la soirée l’avance dont le créditaient les médias officiels sur son rival social-démocrate, passant sous la barre des 50%, selon l’agence étatique Anadolu.

Même si ces chiffres sont encore susceptibles d’évoluer, ces résultats ouvrent la voie à un second tour le 28 mai. Ce qui constituerait une première pour la République turque, centenaire cette année.

Pour être déclaré vainqueur, l’un des deux candidats de tête doit obtenir une majorité de 50% des voix plus une.

Dans l’attente des résultats définitifs, les deux camps se sont livrés une bataille de chiffres, enjoignant leurs observateurs respectifs à rester sur les lieux de dépouillement " jusqu’au bout ".

À Istanbul, la mégapole de 16 millions d’habitants, les 20% des bulletins qui restaient à dépouiller pourraient aider M. Kiliçdaroglu à réduire l’écart.

Le taux de participation, semble-t-il proche de 90%, n’a pas été communiqué officiellement.

Les 64 millions d’électeurs devaient aussi choisir les 600 députés qui siègeront au Parlement monocaméral à Ankara.

Les électeurs sont principalement partagés entre un vote en faveur du président islamo-conservateur Erdogan, 69 ans, et pour Kemal Kiliçdaroglu, à la tête du CHP, le parti laïque de Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la Turquie moderne.

M. Erdogan se présente cette fois devant un pays usé par une crise économique, avec une monnaie dévaluée de moitié en deux ans et une inflation qui a dépassé les 85% à l’automne.

Face à lui, Kemal Kiliçdaroglu a joué la carte de l’apaisement, promettant le rétablissement de l’État de droit et le respect des institutions, malmenées au cours des 10 dernières années par la dérive autocratique de M. Erdogan.

Malo Pinatel, avec AFP