Après plusieurs jours de violence entre les Serbes du Kosovo et les autorités locales, les forces de maintien de la paix de l’Otan ont monté la garde devant une mairie du Nord du Kosovo. Face à eux, des centaines de manifestants serbes qui réclament le départ de maires albanais jugés " illégitimes ".

Les soldats de maintien de la paix de l’Otan montent la garde mercredi devant une mairie du Nord du Kosovo où des centaines de manifestants serbes sont rassemblés à nouveau après de violents heurts largement condamnés par les puissances occidentales.

L’Otan a décidé de dépêcher des centaines de renforts dans la région pour appuyer les troupes déjà déployées par la Kfor, la force multinationale emmenée par l’Alliance dans l’ex-province de Belgrade, après des affrontements dans lesquels 30 de ses soldats ont été blessés.

Des centaines de protestataires se sont à nouveau retrouvés mercredi matin devant la mairie de Zvecan, lourdement protégée par les soldats de la Kfor.

Ses troupes encerclent le bâtiment municipal et ont renforcé la défense des lieux avec du fil barbelé et une barrière en métal, a rapporté une journaliste de l’AFP.

Les manifestants, calmes pour l’instant, ont déployé un gigantesque drapeau serbe de plus de 200 mètres de long, entre le centre-ville et les abords de la mairie. Ils ont également accroché des drapeaux serbes à la barrière métallique installée par la Kfor.

Depuis quelques jours, la situation est très tendue dans la région, qui va de crise en crise depuis des années. De nombreux membres de la communauté serbe majoritaire dans quatre villes du Nord ne reconnaissent pas l’autorité de Pristina et sont fidèles à Belgrade.

Les Serbes ont boycotté les municipales d’avril dans ces localités, par défiance envers Pristina, ce qui a abouti à l’élection de maires albanais avec une participation de moins de 3,5%. Leur intronisation la semaine dernière par le gouvernement kosovar a mis le feu aux poudres.

Trois véhicules blindés des forces spéciales de la police kosovare, dont la présence suscite toujours l’ire de nombreux Serbes, étaient garés devant la mairie.

Les manifestants réclament le départ des maires albanais jugés " illégitimes " ainsi que celui de la police kosovare.

Les États-Unis, alliés historiques du Kosovo dont ils ont défendu l’indépendance, ont mis en cause la responsabilité du Premier ministre kosovar Albin Kurti dans la crise.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré que sa décision sur l’intronisation des maires avait " fortement et inutilement aggravé les tensions ".

Washington a également exclu le Kosovo d’un programme d’exercices militaires multinational, sa première sanction contre Pristina.

Les États-Unis menacent aussi de manière inédite de mettre fin au soutien diplomatique en faveur de la reconnaissance internationale du territoire des Balkans, reconnu pour l’heure par une centaine de pays.

Marie de La Roche Saint-André, avec AFP