L’Ukraine semble avoir lancé sa tant attendue contre-offensive début juin, entretenant un " brouillard de guerre " pour des raisons de sécurité opérationnelle. En y engageant les nouveaux équipements fournis par l’Occident, Kiev joue gros dans cette opération qui doit lui permettre de libérer les territoires occupés par Moscou.

Après des semaines de préparation, l’armée ukrainienne pourrait avoir finalement lancé son offensive pour tenter de percer les défenses russes dans l’espoir d’un succès indispensable pour la suite de la guerre.

Conformément à leur ligne depuis plusieurs jours, les autorités ukrainiennes restent très vagues sur leurs actions, entretenant le brouillard de la guerre.

" Le contre-offensive ukrainienne a commencé ", estiment de nombreux observateurs dont le centre d’analyse américain Institute for the Study of War (ISW).

" Nous pouvons totalement affirmer que cette offensive a commencé ", a déclaré Vladimir Poutine dans une vidéo diffusée vendredi. " Les troupes ukrainiennes n’ont atteint leur objectif sur aucun des champs de bataille ", a-t-il affirmé, avant d’ajouter que " le régime de Kiev dispose encore d’un potentiel offensif ".

Depuis des semaines, Kiev organise son offensive en multipliant les initiatives pour modeler le champ de bataille: tirs de drones – non revendiqués – sur Moscou, attaques, également attribuées à des combattants russes hostiles au Kremlin, sur le sol russe, reconnaissance en force pour tester les défenses de l’adversaire… Elle a surtout organisé de nouvelles brigades équipées des nouveaux matériels occidentaux pour les lancer dans la bataille le moment venu.

L’Ukraine joue gros. Moins peuplée, amputée d’une partie de son territoire, sous le feu récurrent des frappes russes dans la profondeur et sous perfusion de matériel militaire occidental… Les autorités savent qu’elles n’auront pas d’innombrables occasions de refouler les Russes et de reconquérir les territoires occupés.

Vladimir Poutine a déclaré vendredi que la Russie commencera à déployer des ogives nucléaires au Bélarus en juillet, semblant ainsi contredire son allié Alexandre Loukachenko qui avait annoncé le mois dernier que ce transfert avait déjà débuté.

Selon des observateurs, l’armée ukrainienne pourrait chercher, dans cette région, à tenter une percée vers Tokmak, en territoire occupé à 40 km au sud d’Orikhiv, important nœud logistique pour les forces russes.

Dans la région de Zaporijjia, le " front est largement fortifié mais moins densément que dans la région de Donetsk (est). Or si vous atteignez Melitopol (sud), c’est un objectif stratégique: vous coupez le front en deux. Tous les indices convergent vers cette région ", indiquait en début de semaine à l’AFP l’historien militaire français Michel Goya.

Pour les Ukrainiens, " les opérations initiales de la contre-offensive pourraient être les plus difficiles et les plus lentes ", selon l’ISW. " Des revers initiaux sont à prévoir " avant de parvenir à brécher des lignes de défense bien établies, consolidées depuis des mois par les Russes.

Malo Pinatel, avec AFP