Pour la première fois dans son histoire, l’Allemagne a élaboré une stratégie de sécurité nationale qui cible la Russie et La Chine. Berlin considère, en effet, les deux pays comme des " rivaux systémiques ".

L’Allemagne cible Moscou, " la plus grande menace pour la paix " et Pékin, " rival systémique ", dans sa Stratégie nationale de sécurité, selon un document inédit dévoilé mercredi.

Après des mois de discussions et de tensions au sein de la coalition, le gouvernement d’Olaf Scholz a présenté cette synthèse de près de 80 pages définissant les enjeux de sécurité auxquels est confrontée la première puissance économique européenne.

Le président allemand Frank-Walter Steinmeier lors visitant un sous-marin U33 sur une base de la Marine allemande à Eckernfoerde, au nord du pays. (AFP)

" Pour la première fois dans l’histoire de notre pays, nous avons élaboré une stratégie de sécurité nationale ", s’est félicité devant la presse le dirigeant allemand, entouré de quelques-uns de ses principaux ministres.

Maintes fois annoncé et reporté, ce document voit enfin le jour au sein d’une coalition en baisse dans les sondages et marquée par des tensions entre écologistes et libéraux sur le budget et la lutte contre le réchauffement climatique.

Ce document, moins ambitieux qu’initialement prévu par le contrat de coalition conclu fin 2021, dresse un panorama des enjeux de sécurité, des relations avec Moscou et Pékin à la cybersécurité, en passant par les menaces climatiques.

" La sécurité au XXIe siècle, c’est obtenir de manière fiable des médicaments vitaux à la pharmacie. La sécurité, c’est ne pas être espionné par la Chine lorsque l’on discute avec des amis ou ne pas être manipulé par des robots russes lorsque l’on navigue sur les réseaux sociaux ", a résumé la cheffe de la diplomatie allemande, l’écologiste Annalena Baerbock, lors de la présentation du document.

Le chancelier Olaf Scholz débarque d’un hélicoptère Sea King de la Marine allemande à bord de la frégate " Mecklenburg-Vorpommern’ en plein exercice naval à Rostock-Warnemünde, dans la Baltique. (AFP)

Sans surprise, la Russie est hissée au rang de " plus grande menace pour la paix et la sécurité dans la région euro-atlantique dans un avenir prévisible ". L’invasion russe de l’Ukraine le 24 février 2022 a marqué un " changement d’époque " pour la politique étrangère et de défense allemande, selon M. Scholz, qui doit entraîner un réarmement du pays.

La Stratégie de sécurité cible aussi la Chine, à la fois " partenaire, concurrente et un rival systémique ".

" La Chine tente par différents moyens de remodeler l’ordre international existant basé sur des règles, revendique de plus en plus offensivement une suprématie régionale et agit sans cesse en contradiction avec nos intérêts et nos valeurs ", estime le gouvernement allemand.

" Nous constatons que les éléments de rivalité et de concurrence ont augmenté ces dernières années ", note le document.

Marie de La Roche Saint-André, avec AFP