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Le populisme est particulièrement meurtrier, notamment dans le processus de politisation de la religion et vice versa. Il est évident que le populisme auquel le monde fait face aujourd’hui exploite le contexte politique pour servir une idéologie religieuse et utilise la question religieuse pour accomplir une mission politique.

C’est dans ce contexte que l’on parle de la montée continue de la popularité de l’extrême droite, notamment au niveau des élites occidentales. Le problème principal réside dans l’adoption, par ces élites, d’une vision basée sur les conflits identitaires. L’équation du conflit des civilisations a enregistré un net recul; l’Orient et l’Occident ayant été au cœur des deux pôles de ce conflit. Du coup, le conflit d’identités repositionne la religion comme élément essentiel dans l’espace public.

Il convient de clarifier certaines divergences structurelles au niveau de cette notion. La première concerne l’abolition des frontières entre la religion et la politique malgré la présence d’États laïcs et civils en Occident. La deuxième réside dans la nécessité de tracer une ligne de démarcation décisive entre la religion et la politique en Orient, et la troisième touche à la recherche noble d’un minimum d’espace commun entre la religion et la politique, basé sur le service de l’intérêt public.

Dans la première divergence, où l’abolition des frontières entre la religion et la politique en Occident revient à une inquiétude identitaire, il serait bon de chercher le responsable de la suppression des frontières et la raison à cet égard. Il faudrait également trouver le sens profond de la laïcité en Occident et ses expressions multiples dans les contextes comportementaux sociaux.

Quant à la seconde différence, qui requiert une ligne de démarcation décisive entre la religion et la politique en Orient en réaction à ce qui est considéré comme rétrograde et portant atteinte à la liberté individuelle, il faudrait approfondir la possibilité de dépouiller la religion de son fanatisme et la politique de son hypocrisie.

Quant à la troisième différence, qui porte sur la réconciliation entre la religion et la politique, elle est sans aucun doute la plus complexe, car l’espace commun entre les deux n’est pas, en réalité, au service de l’intérêt public. Il s’agit plutôt d’un élargissement des zones d’influence mutuelles.

Nous nous trouvons donc face à une équation problématique. Une remise à zéro des compteurs de la politique et de la religion est nécessaire, notamment au niveau du sens de leur engagement dans la construction de la paix plutôt que dans l’élévation de rambardes accentuant la séparation et l’isolement.