La Cour suprême des Etats-Unis, dominée par les républicains, a aboli les programmes de discrimination positive à l’université jeudi 29 juin. Un an après Roe v. Wade et le droit à l’avortement, l’institution rétropédale ainsi sur un autre acquis social des années 1960-70. 

La Cour suprême des Etats-Unis a fait tomber jeudi un des acquis de la lutte pour les droits civiques des années 1960, en mettant un terme aux programmes de discrimination positive à l’université.

Ses six juges conservateurs ont jugé – contre l’avis de leurs trois consoeurs progressistes – contraire à la Constitution les procédures d’admission sur les campus prenant en compte la couleur de la peau ou l’origine ethnique des candidats.

A la fin des années 1960, plusieurs universités très sélectives avaient introduit des critères raciaux et ethniques dans leur procédure d’admission afin de corriger les inégalités issues du passé ségrégationniste des Etats-Unis et d’augmenter la part des étudiants noirs, hispaniques et amérindiens dans leurs effectifs.

Ces politiques dites de " discrimination positive " ont toujours été très critiquées dans les milieux conservateurs, qui les jugent opaques et y voient du " racisme inversé ".

Saisie à plusieurs reprises depuis 1978, la Cour suprême avait interdit les quotas, mais avait toujours autorisé les universités à prendre en compte, parmi d’autres, les critères raciaux. Jusqu’ici, elle jugeait " légitime " la recherche d’une plus grande diversité sur les campus.

Jeudi, elle a fait demi-tour, comme elle l’avait fait le 24 juin 2022 en annulant le droit fédéral à l’avortement qu’elle garantissait depuis 1973.

Elle s’est prononcée dans le cadre d’une plainte déposée en 2014 contre les plus vieilles universités privée et publique des Etats-Unis, Harvard et celle de Caroline du Nord, accusées de discriminer les étudiants d’origine asiatique.

Ces derniers, qui ont des résultats académiques nettement supérieurs à la moyenne, seraient plus nombreux sur les campus si leurs performances étaient le seul critère de sélection, avait plaidé l’association Students for Fair Admission.

La haute Cour leur a donné raison, en estimant que " malgré leurs bonnes intentions ", les procédures d’admission dans ces universités utilisaient des catégories raciales " imprécises " et des " stéréotypes " raciaux.

Des critiques très vives se sont élevées en son sein même.

Malo Pinatel, avec AFP