L’armée israélienne a lancé une opération antiterroriste contre un groupe armé opérant dans le camp de réfugiés palestinien proche de Jénine, lundi 3 juillet. Cette opération, la plus importante depuis plusieurs années, témoigne de la fuite en avant des violences en Cisjordanie ces derniers mois.

Huit Palestiniens ont été tués lundi à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée, lors d’une vaste opération de l’armée israélienne qui a mobilisé des centaines de soldats et fait notamment usage de drones.

Durant cette incursion, la plus importante de l’armée israélienne en Cisjordanie depuis plusieurs années, des fusillades et des explosions ont secoué la ville de Jénine et le camp de réfugiés adjacent, bastion de groupes armés palestiniens visé à plusieurs reprises par des opérations israéliennes.

La nouvelle opération israélienne survient alors que le nord de la Cisjordanie occupée a connu une récente vague d’attaques contre des Israéliens ainsi que des violences anti-palestiniennes de la part de colons juifs.

Le nombre de troupes engagées est " au niveau d’une brigade ", a indiqué le porte-parole de l’armée israélienne Richard Hecht.

Des Palestiniens lançaient des pierres sur les soldats israéliens, sous un ciel noirci par la fumée des explosions et des barricades en feu, a constaté un correspondant de l’AFP.

Huit Palestiniens ont été tués et 80 autres blessés –dont 17 dans un état grave– , selon un dernier bilan du ministère palestinien de la Santé.

Lundi, l’armée israélienne a fait état d’affrontements entre des soldats et des hommes armés dans une mosquée du camp de Jénine, ajoutant que des armes et des explosifs y avaient ensuite été retrouvés.

Elle a aussi dit avoir ciblé " une infrastructure terroriste " et un " centre d’opérations " servant de centre de commandement à la " Brigade de Jénine ", un groupe armé local.

A l’hôpital de la ville, un journaliste de l’AFP a vu des corps étendus dans la morgue, certains depuis des heures, les proches attendant la fin des combats pour les funérailles.

Le porte-parole militaire Richard Hecht a affirmé que l’armée " agissait contre des cibles spécifiques " et que " la frappe aérienne, en plein cœur du camp (de Jénine), les a pris par surprise ", ajoutant qu’il n’y avait pas de calendrier précis pour l’opération en cours.

Des militants palestiniens armés prennent position lors d’une confrontation avec l’armée israélienne dans la ville de Jénine, en Cisjordanie occupée, le 3 juillet 2023. (Photo Jaafar ASHTIYEH / AFP)

A l’étranger, la Jordanie voisine a dénoncé " une violation flagrante du droit international humanitaire, ainsi que des obligations d’Israël en tant que puissance occupante ".

Les Emirats, autre pays arabe entretenant des liens diplomatiques avec Israël, ont appelé Israël à " s’abstenir de toute action exacerbant les tensions (…) et conduisant à la perpétuation du cycle de violence. "

La Ligue arabe a annoncé une réunion d’urgence mardi.

" Nous soutenons la sécurité d’Israël et son droit à défendre sa population ", a déclaré à Washington un porte-parole du département d’Etat, ajoutant qu’il était " impératif de prendre toutes les précautions possibles pour éviter la mort de civils ".

Ailleurs en Cisjordanie, un homme a été tué lundi par l’armée israélienne à Al-Bireh, près de Ramallah, selon le ministère palestinien de la Santé.

Les violences liées au conflit israélo-palestinien ont tué  depuis le début de l’année au moins 185 Palestiniens, 25 Israéliens, un Ukrainien et un Italien, selon un décompte de l’AFP établi à partir de sources officielles.

Malo Pinatel, avec AFP