Les acteurs d’Hollywood ont entamé une grève devant les principaux studios vendredi 14 juillet, rejoignant ainsi celle des scénaristes. Réclamant une meilleure rémunération et des garanties face à l’usage de l’intelligence artificielle, ce double mouvement social pourrait bien mettre à mal l’industrie cinématographique américaine.

Clap de fin, mais début des hostilités à Hollywood: les acteurs ont lancé vendredi leur grève en protestant devant les grands studios avec les scénaristes, pour un double mouvement social qui provoque la pire paralysie du secteur depuis plus de 60 ans.

Il s’agit de la première grève réunissant acteurs et scénaristes depuis 63 ans à Hollywood.

La production de films et de séries tournait déjà au ralenti depuis début mai à cause du mouvement des scénaristes, mais avec le débrayage des comédiens l’industrie américaine se retrouve à genoux: mis à part quelques " soap operas " et émissions de télé-réalité, les tournages ne sont tout simplement plus possibles.

Les deux corps de métier réclament une revalorisation de leur rémunération, en berne à l’ère du streaming.

Ils souhaitent également obtenir des garanties concernant l’usage de l’intelligence artificielle (IA), pour empêcher cette dernière de générer des scripts ou de cloner leur voix et image.

Malgré une prolongation d’une dizaine de jours et une médiation gouvernementale de dernière minute, les négociations entre le syndicat des acteurs SAG-AFTRA et le patronat ont échoué.

Le fossé entre les dirigeants des studios et plateformes et les travailleurs de l’industrie semble béant. Jeudi, le patron de Disney, Bob Iger, a lui fustigé les exigences " irréalistes " des acteurs et scénaristes.

Les valeurs de la Silicon Valley dans le viseur

Sur les piquets de grève, l’ambiance est déterminée. L’antienne d’un Hollywood perverti par les valeurs de la Silicon Valley et son obsession de réduire les coûts revient régulièrement chez les acteurs ou scénaristes rencontrés par l’AFP ces dernières semaines.

Ce nouveau modèle a bouleversé les rémunérations " résiduelles " des acteurs et scénaristes, qui découlent de chaque rediffusion d’un film ou d’une série et leur permettent de vivre entre deux projets.

Intéressants avec la télévision car calculés en fonction du tarif des publicités, ces émoluments sont bien moindres avec les plateformes de streaming, qui ne communiquent pas leurs chiffres d’audience et paient un forfait, indépendamment du succès.

Personne ne sait combien de temps cette grève va durer, mais si elle s’éternise, elle a le potentiel pour retarder de nombreux blockbusters actuellement en production comme la suite de " Gladiateur ", " Deadpool 3 " ou " Ghostbusters 4 ".

L’impact pour le secteur risque d’être faramineux. La dernière grève des scénaristes, qui remonte à 2007-2008, avait duré 100 jours et coûté deux milliards de dollars au secteur.

Malo Pinatel, avec AFP