Pour avoir dénoncé la discrimination envers les chrétiens en Égypte, le chercheur Patrick Zaki a été condamné à trois ans de prison. Une décision critiquée par des ONG et des militants des droits humains, dont Amnesty International.

Le chercheur Patrick Zaki a été condamné mardi à trois ans de prison pour avoir dénoncé la discrimination anti-chrétiens en Égypte, un verdict qui a poussé trois figures des droits humains à quitter le " dialogue national " censé donner une voix à tous.

Libéré en décembre 2021 après 22 mois en détention préventive, M. Zaki a été arrêté à l’issue de l’audience au tribunal d’urgence de la Sûreté d’Etat à Mansoura, à 130 km au nord du Caire, précise Hossam Bahgat, fondateur de l’Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR).

Il est impossible d’interjeter appel après un verdict d’une cour d’exception.

Amnesty International a dénoncé " un verdict scandaleux ", estimant que " l’image de Patrick traîné hors de la salle d’audience est terrifiante ".

Aussitôt, trois figures de l’opposition libérale ont annoncé se retirer du dialogue national, lancé début mai par le pouvoir pour discuter de tous les sujets qui fâchent à moins d’un an d’une élection présidentielle.

L’avocat Negad El Borai a estimé que " la condamnation de Patrick Zaki (…) rend inutile (sa) présence " au dialogue national. " Je m’excuse de cet échec ", a-t-il écrit.

Sa consœur Mahienour El-Massry, elle, appelle à un " retrait " de " la farce du dialogue national " pour ne pas " donner aux autorités le bâton pour se faire battre ".

Déjà, deux autres figures ont suivi : le politicien de gauche Khaled Dawoud a dit " geler sa participation, car on ne peut pas dire qu’on dialogue quand de tels verdicts sont rendus et que les promesses de libérer des détenus dont nous réclamons l’élargissement depuis des années sont bafouées ".

De même que l’avocat Ahmed Ragheb, membre de la commission des droits humains du dialogue national, qui a estimé que la sentence à l’encontre de M. Zaki " prouve que notre tentative de participer au dialogue national a échoué ". " Donc, je me retire ", écrit-il encore.

M. Zaki encourait jusqu’à cinq ans de prison pour avoir publié en 2019 un article sur un journal en ligne racontant une semaine de violations des droits des Coptes, la plus importante minorité chrétienne du Moyen-Orient à laquelle appartiennent 10 à 15% des 105 millions d’Égyptiens.

Spécialiste des questions de genre et chercheur au sein de l’EIPR, M. Zaki avait été arrêté en février 2020 pour " terrorisme " à son retour d’Italie où il étudiait à l’Université de Bologne.

En prison, M. Zaki, dont le Sénat à Rome a voté pour lui accorder la nationalité italienne, a été " frappé et torturé à l’électricité ", assurent ses défenseurs.

Marie de La Roche Saint-André, avec AFP