La Russie a annoncé mercredi qu’elle considèrerait comme une cible militaire tout navire se dirigeant vers les ports céréaliers ukrainiens de la mer Noire, au moment où Kiev réclame des escortes internationales pour ces cargos après l’expiration d’un accord crucial pour l’alimentation mondiale.

Le ministère russe de la Défense a annoncé mercredi que dorénavant " tous les navires naviguant dans les eaux de la mer Noire à destination des ports ukrainiens seront considérés comme des bateaux transportant potentiellement des cargaisons militaires ".

Kiev de son côté demande désormais la mise en place de " patrouilles militaires " navales sous mandat de l’ONU et avec la participation notamment de la Turquie, a indiqué Mykhaïlo Podoliak, conseiller de la présidence ukrainienne. Il a exclu toute négociation avec Moscou, dont l’objectif est selon lui de " détruire " l’Ukraine.

L’Ukraine, dont la contre-offensive peine pour l’instant à briser les lignes de défense construites par les Russes, a dans le même temps répété qu’il ne pouvait y avoir aucune négociation avec Moscou, et réclamé à ses alliés occidentaux des centaines de blindés supplémentaires et des avions de combat américains F-16 pour reprendre ses territoires.

L’énorme masse métallique gisant au fond de cette maison est un des missiles russes qui ont visé la région d’Odessa dans la nuit de mardi à mercredi. (AFP)

Le pays a connu une deuxième nuit consécutive de frappes russes sur Odessa, grand port de la mer Noire. Selon le ministère chargé de la reconstruction de l’Ukraine, " les terminaux céréaliers et les infrastructures portuaires " des ports d’Odessa et de Tchornomorsk ont été attaqués, et " les silos et les quais du port d’Odessa " ont notamment été endommagés.

L’attaque, menée avec des missiles de croisière et des drones explosifs de fabrication iranienne, a fait au moins 12 blessés, selon le gouverneur de la région d’Odessa Oleg Kiper.

Le Kremlin avait averti mardi de nouveaux " risques " en mer Noire après la fin de l’accord sur les céréales. Moscou a refusé de reconduire cet accord signé en juillet 2022 sous l’égide des Nations unies et de la Turquie, et prolongé depuis à plusieurs reprises, dénonçant des entraves au commerce de ses propres engrais et produits alimentaires.

Vladimir Poutine a assuré mercredi que la Russie était prête à revenir à l’accord si ses demandes étaient réalisées " dans leur totalité ", et a accusé les occidentaux de se servir de cette question comme outil de " chantage politique ".

Sur le front, les combats se concentrent dans l’est de l’Ukraine où les deux armées se font face.

Selon le conseiller de la présidence Mykhailo Podoliak, l’Ukraine a besoin pour briser les lignes russes de " 200 à 300 véhicules blindés supplémentaires, avant tout des chars ", de " 60 à 80 avions F-16 " et de " 5 à 10 systèmes supplémentaires de défense antiaérienne " américains Patriot ou leur équivalents français SAMP/T.

Le Pentagone a annoncé mercredi un nouveau plan d’aide militaire de 1,3 milliard de dollars, comprenant notamment quatre systèmes de défense anti-aérienne, pour " repousser l’agression russe à moyen et long terme ".

Georges Haddad, avec AFP