Après l’attaque d’un hôpital de Khartoum où officient plusieurs de ses employés, l’ONG Médecins sans frontières (MSF) a menacé d’y cesser ses activités, vendredi 21 juillet. Cette annonce intervient dans un contexte d’intensification des combats dans la capitale du Soudan, déjà fortement mise à l’épreuve sur le plan humanitaire.

L’ONG Médecins sans frontières (MSF) a prévenu vendredi qu’elle pourrait cesser d’aider un des rares hôpitaux de Khartoum toujours en fonctionnement après trois mois de guerre après l’agression de ses employés par des hommes armés.

Dans un communiqué, l’ONG précise que 18 de ses employés ont été " battus et fouettés " et l’un d’eux " détenu et menacé de mort " par leurs agresseurs, à l’hôpital Turc, dans le sud de la capitale soudanaise.

" En l’absence de garanties de sécurité suffisantes, la continuité des activités médicales et la présence de MSF dans cet hôpital sont gravement remises en cause ", avertit l’ONG qui dit avoir soigné plus de 1.600 blessés de guerre à Khartoum depuis que l’armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo sont entrées en guerre le 15 avril.

" Nos équipes travaillent 24 heures sur 24 dans des conditions extrêmement difficiles (…) elles ne peuvent pas en plus être exposées à ces agressions et violences à proximité de l’hôpital ", souligne l’ONG.

Intensification des combats à Khartoum

Les combats se sont intensifiés à Khartoum où l’armée de l’air pilonne des zones résidentielles, visant les bases installées depuis plusieurs années par les paramilitaires, lesquels répliquent avec des drones.

Vendredi, les raids aériens ont ciblé plusieurs quartiers de la capitale, de même qu’à El-Obeid, à 350 km au sud, selon des habitants.

Ce carrefour commercial se trouve sur la route qui relie Khartoum au Darfour –vaste région de l’ouest, fief des FSR, où la guerre est sûrement la plus violente.

L’aéroport d’El-Obeid, le troisième du pays, est convoité par les deux camps, tandis que ses silos de stockage d’aide humanitaire mais aussi de gomme arabique –dont le Soudan est le premier producteur mondial– ont probablement été emportés en grande partie par les pillages.

Les FSR souhaitent s’en emparer pour couper la route aux renforts de l’armée dépêchés de Khartoum vers le Darfour, et sécuriser leur propre route d’approvisionnement vers la capitale.

Les combats ont fait 3.000 morts –un bilan très sous-estimé tant les corps qui jonchent les rues sont inatteignables et alors qu’aucun des deux camps n’a jamais annoncé ses pertes– et 3,3 millions de déplacés et réfugié.

Malo Pinatel, avec AFP