Alors que les débats sur la loi très controversée de réforme judiciaire débuteront dimanche à la Knesset, les manifestations ont gagné en intensité en Israël samedi. Un millier de réservistes de l’armée de l’air ont même menacé de suspendre leur service volontaire. L’intervention des membres de l’armée dans le débat politique avait déjà alimenté la tension dans l’État hébreu.

Plus de 1.100 réservistes de l’armée de l’air israélienne ont menacé de suspendre leur service volontaire, au moment où les manifestations s’intensifient samedi à l’approche du vote final sur un projet de loi visant à réformer le système judiciaire en Israël.

L’annonce du projet en janvier a déclenché l’un des plus grands mouvements de contestation de l’histoire du pays, qui mobilise chaque semaine des dizaines de milliers de manifestants.

Au moins 1.142 réservistes de l’armée de l’air ont déclaré leur intention de suspendre leur service volontaire si la Knesset (le Parlement) adopte le projet de loi la semaine prochaine.

Itamar ben Gvir, ministre israélien de l’Intérieur et faucon d’extrême droite, est la cible préférée des manifestants. (AFP)

" Nous avons tous la responsabilité de mettre fin à la division (…) et aux clivages profonds au sein de la population ", ont-ils affirmé dans une déclaration dont les signataires comprennent notamment 235 pilotes de chasse, 173 opérateurs de drones et 85 soldats commandos.

Toute législation, appliquée de manière " déraisonnable ", " compromettrait ma volonté de continuer à risquer ma vie et me contraindrait, avec une grande tristesse, à suspendre mon service de réserve volontaire ", ont ajouté les signataires, appelant le gouvernement à " maintenir (l’)indépendance " du système judiciaire.

La plupart des Israéliens qui effectuent leur service militaire obligatoire (d’une durée de 32 mois pour les hommes et 24 pour les femmes) sont ensuite censés participer volontairement au service de réserve chaque année pendant une période déterminée.

Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a annoncé qu’il " prenait des mesures afin de parvenir à un large consensus ", dans un contexte d’escalade du conflit israélo-palestinien, et dans lequel les capacités militaires du pays sont importantes.

Les débats sur cette loi débuteront dimanche midi à la Knesset et le vote en 2e et 3e lecture devrait se tenir lundi. S’il est approuvé, il s’agira de la première composante majeure de la réforme judiciaire proposée de devenir une loi.

Selon le gouvernement, la réforme vise entre autres à rééquilibrer les pouvoirs, en diminuant les prérogatives de la Cour suprême, que l’exécutif juge politisée, au profit du Parlement. Mais ses détracteurs estiment qu’elle risque d’ouvrir la voie à une dérive antilibérale ou autoritaire.

Georges Haddad, avec AFP