La mesure clé du projet de réforme judiciaire portée par le gouvernement de Benjamin Netanyahu suscite une grève générale et des appels à l’invalidation par la Cour suprême. La contestation grandissante exprime des inquiétudes sur l’équilibre des pouvoirs et la démocratie dans le pays.

La crise s’amplifie mardi en Israël, au lendemain de l’adoption par le Parlement d’une mesure clé du projet de réforme judiciaire controversé porté par le gouvernement de Benjamin Netahyahu, qui a suscité des appels à la grève générale dans un contexte de contestation grandissante.

Plusieurs appels ont été déposés, notamment par le barreau israélien, auprès de la Cour suprême pour l’invalidation de cette loi, votée par les 64 élus de la coalition du Premier ministre, qui comprend des partis juifs ultra-orthodoxes et d’extrême droite.

Le gouvernement Netanyahu estime que cette mesure, qui vise à accroître le pouvoir des élus sur celui des magistrats, est nécessaire pour assurer un meilleur équilibre des pouvoirs.

Ses détracteurs y voient pour leur part une menace contre la démocratie et craignent qu’elle ouvre la voie à une dérive autoritaire.

Pour protester contre cette loi, limitant la possibilité pour la Cour suprême d’invalider une décision du gouvernement, le syndicat des médecins a lancé mardi une grève générale du service public, sauf pour les urgences.

Depuis son annonce en janvier, le projet de réforme de la justice a déclenché l’un des plus grands mouvements de contestation de l’histoire d’Israël, qui s’est intensifié à l’approche du vote.

Lors des manifestations qui se sont poursuivies tard lundi soir, 58 personnes ont été interpellées par la police pour troubles à l’ordre public, selon un porte-parole de la police.

M. Netanyahu a affirmé lundi vouloir négocier avec l’opposition sur la suite du projet de réforme et " mener un dialogue entre nous ".

Le chef de l’opposition Yaïr Lapid a rétorqué que " l’objectif de Netanyahu était de faire taire les protestataires " et prévenu que la lutte ne faisait que commencer.

Les manifestations ont attiré des Israéliens de tous les horizons politiques et sociaux, laïques ou religieux, militants pacifistes, cols bleus ou travailleurs du secteur de la technologie mais aussi des réservistes de l’armée, dans un contexte de montée des violences israélo-palestiniennes.

Pierre Daccache, avec AFP