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Depuis plusieurs mois déjà, l’Église chaldéenne en Irak fait face à une attaque dont les dessous reflètent un enjeu géopolitique grave. Cette attaque est marquée par le retrait du décret républicain qui confirme la légitimité du patriarche cardinal Louis Raphaël Sako à la tête de l’Église chaldéenne, conformément à la tradition irakienne à travers l’histoire. Néanmoins, inscrire cette manœuvre dans un contexte de désaccord sur les prérogatives limitées à la gestion des biens religieux ou autres questions ecclésiastiques, constitue une simplification inadéquate. 

Cependant, le véritable enjeu réside dans la tentative de certaines forces (dont on connait les liens, orientations et objectifs) d’ébranler un parcours national libre, tel que l’incarne et le représente encore le patriarche cardinal Sako. 

Ce parcours national libre rejette toute compromission sur l’identité nationale et arabe de l’Irak, et dénonce l’entrave aux aspirations du peuple irakien à la liberté, la souveraineté, l’indépendance, la dignité et à une bonne gouvernance. Par ailleurs, il critique vivement toutes les tentatives visant à légitimer les milices sur des bases idéologiques militaires ou à accepter la corruption comme étant une situation normale. De plus, il se prononce en faveur de la modération et de la coexistence dans la pluralité, et contre toute forme d’extrémisme. 

Dans ce contexte, le patriarche cardinal Sako représente un exemple de civilité et de foi dans la lutte acharnée pour la fraternité humaine, tant dans la vision que dans la conduite ; tandis que d’autres cherchent à démanteler systématiquement l’identité nationale et arabe de l’Irak, ainsi que la logique de l’État.

D’aucuns pourraient considérer que la situation qui touche le patriarche cardinal Sako est passagère, et cela pourrait certainement l’être dans le cas de la prévalence inévitable de la vérité, même si cela risque de prendre du temps. Cependant, les références religieuses et politiques, ainsi que les forces sociales en Irak, au Liban, et dans tout le monde arabe, ne devraient pas ignorer le fait que l’alliance des minorités et leur protection, ainsi que l’adhésion aux dictatures, sont des choix destructeurs qui doivent être confrontés.

L’Irak est le point giratoire de cette confrontation ; c’est pour cette raison que la dernière visite du pape François en Irak constitue une étape historique, en particulier en ce qui concerne la confirmation par ce dernier et par l’ayatollah Sistani de ce qui a été mentionné dans le Document sur la Fraternité Humaine qu’ils ont signé avec l’imam d’Al-Azhar à Abu Dhabi (2019), ainsi que leur rencontre avec les représentants des religions dans la ville antique d’Ur.

Ces deux rencontres ont eu lieu en présence du patriarche cardinal Sako, et la lecture de leurs résultats stratégiques pourrait avoir dérangé ceux qui pariaient sur des enjeux globaux unilatéraux, à la fois religieux et temporels.