Face aux manifestants qui protestent contre l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko, les autorités sénégalaises ont coupé l’accès à internet sur les téléphones mobiles. 

Les autorités sénégalaises ont coupé lundi l’accès à internet sur les téléphones mobiles en raison de la " diffusion de messages " haineux et subversifs " sur les réseaux sociaux, après les appels à manifester contre l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko.

M. Sonko, plus farouche opposant du président Macky Sall et candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2024, a été arrêté vendredi et est notamment poursuivi pour appels à l’insurrection.

" En raison de la diffusion de messages haineux et subversifs relayés sur les réseaux sociaux dans un contexte de menace de trouble à l’ordre public, l’internet des données mobiles est suspendu temporairement sur certaines plages horaires à partir de lundi 31 juillet ", a annoncé dans un communiqué le ministre des Télécommunications et de l’Économie numérique, sans plus de précision sur ces horaires.

Cet accès internet a été coupé à partir de lundi matin, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Amnesty International a dénoncé cette restriction, qu’elle considère comme " une atteinte à la liberté d’information ", et appelé les autorités à " rétablir l’internet ", dans un message sur Twitter rebaptisé X.

Ousmane Sonko doit être interrogé lundi par un juge, a annoncé à l’AFP l’un de ses avocats. Le juge décidera ou non de retenir les charges qui pèsent contre lui.

À Ziguinchor, la grande ville du sud dont M. Sonko est le maire, des heurts ont éclaté lundi entre ses partisans et la police, a constaté un journaliste de l’AFP.

Des groupes de jeunes mobiles y lançaient des pierres aux policiers qui tentaient de les disperser à coups de grenades lacrymogènes. Plusieurs rues étaient barrées à l’aide notamment de blocs de pierres et de barres de fer par les manifestants, parmi lesquels des femmes, dans plusieurs quartiers de la ville.

La présence policière a été renforcée dans toute la capitale Dakar. Plusieurs dizaines de policiers, de véhicules anti-émeutes et de barrages filtrants ont notamment été déployés autour du Palais de justice lundi matin, a constaté l’AFP.

Ousmane Sonko avait été condamné le 1ᵉʳ juin à deux ans de prison ferme dans une affaire de mœurs, un verdict qui le rend inéligible en l’état, soulignent ses avocats et des juristes.

Sa condamnation a engendré début juin les troubles les plus graves depuis des années au Sénégal, qui ont fait 16 morts selon les autorités, une trentaine selon l’opposition.

Marie de La Roche Saint-André, avec AFP