Les évacuations de ressortissants étrangers continuaient à Niamey mercredi 2 août, tandis que les états-majors de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest doivent entamer une réunion de crise au Nigéria. La situation reste volatile, tandis que les soutiens malien et burkinabè de la junte menacent de répondre à une intervention armée par la force.

Trois avions ont déjà atterri à Paris et Rome pour évacuer du Niger des centaines de ressortissants français, italiens et d’autres nationalités, la France espérant terminer mercredi, après le putsch de la semaine dernière dans ce pays stratégique en Afrique de l’Ouest.

Face à une situation explosive, la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) a annoncé mardi soir que les chefs d’état-major des pays qui la composent se réuniraient de mercredi à vendredi à Abuja.

Une délégation de la Cédéao, conduite par le Nigérian Abdulsalami Abubakar, est attendue mercredi au Niger, ont indiqué sous le couvert de l’anonymat une haute responsable de l’organisation ouest-africaine et un responsable militaire du Niger.

La Cédéao, présidée par le chef d’Etat nigérian Bola Tinubu, a donné une semaine aux putschistes, jusqu’à dimanche prochain, sans exclure le recours à la force, pour rétablir l’ancien président Mohamed Bazoum, renversé le 26 juillet par des membres de sa garde présidentielle.

Français et italiens continent les évacuations d’étrangers

Dans ce contexte, une centaine de ressortissants étrangers résidant au Niger sont arrivés à Rome mercredi matin, évacués par l’Italie. Un peu moins de 500 ressortissants italiens résident au Niger, dont la plupart sont des militaires.

Du côté de la France, qui compte quelque 1.200 ressortissants enregistrés au Niger dont 600 ont souhaité partir, au moins quatre avions sont mobilisés, l’état-major des armées françaises.

Des soldats français et des citoyens de pays européens sont vus à l’extérieur de l’aéroport international Diori Hamani à Niamey le 2 août 2023. (Photo Stanislas Poyet / AFP)

Le premier vol dans un Airbus A330 transportait 262 personnes. Les passagers, en grande majorité de Français, étaient aussi nigériens, portugais, éthiopiens ou encore libanais.

Des passagers belges (15 nationaux et ayant-droit selon Bruxelles), indiens, canadiens, américains, autrichiens et allemands ont également été évacués par les Français.

Paris a justifié l’évacuation par les " violences qui ont eu lieu " contre son ambassade dimanche lors d’une manifestation hostile à la France, et par " la fermeture de l’espace aérien ".

Niamey, par la voix d’un putschiste, a annoncé dans la nuit de mardi à mercredi la réouverture " des frontières terrestres et aériennes " du Niger avec cinq pays voisins (Algérie, Burkina Faso, Libye, Mali et Tchad).

L’évacuation des forces occidentales " pas à l’ordre du jour "

Le mouvement M62, à l’initiative d’une manifestation pro-putschistes, a dénoncé mardi l’évacuation organisée par la France, souhaitant la suspension de certains de ses médias et appelant à un rassemblement " pacifique chaque jour " près de l’aéroport, " jusqu’au départ définitif des forces étrangères " présentes dans le pays.

Pour l’heure, l’évacuation des quelque 1.500 militaires français postés au Niger " pas à l’ordre du jour ", selon l’état-major des armées françaises.

Pas question non plus pour les Etats-Unis qui ne parlent pas de " coup d’Etat ", estimant qu’il reste encore une " petite fenêtre " pour la diplomatie et le rétablissement du président Bazoum dans ses fonctions.

La France, ex-puissance coloniale dans la région et soutien indéfectible du président Bazoum, apparaît comme la cible privilégiée des militaires qui l’ont renversé, dirigés par le général Abdourahamane Tiani.

La junte a accusé lundi la France de vouloir " intervenir militairement ", ce que Paris a démenti fermement. Et le Burkina Faso et le Mali, voisins du Niger et gouvernés également par des militaires, l’ont soutenue en affirmant que toute intervention armée serait considérée; " comme une déclaration de guerre " à leurs deux pays et entraînerait leur retrait de la Cédéao.

Malo Pinatel, avec AFP