Une foule de partisans du coup d’Etat au Niger se sont rassemblés dans un stade de Niamey, à quelques heures de la fin de l’ultimatum ouest-africain, dimanche 6 août. Fixé par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, il pourrait mener à une guerre si les putschistes ne s’y plient pas.

Quelque 30.000 partisans du coup d’Etat au Niger se sont rassemblés dimanche à Niamey, une démonstration de force à quelques heures de la fin d’un ultimatum ouest-africain enjoignant les militaires qui ont pris le pouvoir à rétablir le président renversé Bazoum, sous peine d’usage de " la force ".

Sous une chaleur moite, les manifestants ont afflué dans l’après-midi et rempli le stade Seini Kountché, le plus grand du Niger avec une capacité de 30.000 places, brandissant des drapeaux du Niger, de la Russie et du Burkina Faso, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Des membres du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP, qui a pris le pouvoir) sont arrivés triomphalement au stade dans un convoi de véhicules pick-ups, acclamés et entourés par une foule enfiévrée.

Cette démonstration de force survient le jour de l’expiration de l’ultimatum fixé le 30 juillet par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) aux militaires ayant pris le pouvoir pour rétablir dans ses fonctions le président renversé Mohamed Bazoum, sous peine d’utiliser la force pour se faire.

L’ultimatum arrive à échéance dimanche soir et pour l’heure, les généraux qui ont pris le pouvoir le 26 juillet à Niamey n’ont montré aucune volonté de céder la place.

Les contours de la force pour une possible intervention militaire ont été " définis " vendredi par les chefs d’Etat-major de la Cedeao et certaines armées comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire se sont dites prêtes à y participer.

Le coup d’Etat a été condamné par l’ensemble des partenaires occidentaux et africains du Niger, mais les militaires nigériens ont reçu le soutien de leurs homologues du Mali et du Burkina Faso – également arrivés au pouvoir par des putschs en 2020 et 2022 – qui affirment qu’une intervention au Niger serait une " déclaration de guerre " à leurs deux pays.

La perspective d’une intervention militaire ouest-africaine suscite inquiétudes et critiques.

Samedi les sénateurs du Nigeria, poids lourd de la Cedeao avec ses 215 millions d’habitants et qui partage une frontière de 1.500 km avec le Niger, ont appelé le président Bola Tinubu à " renforcer l’option politique et diplomatique ".

Selon la presse nigériane, une majorité de sénateurs ont exprimé leur opposition à une opération militaire, lors d’une réunion à huis-clos.

Samedi soir l’Algérie, acteur majeur dans le Sahel qui partage près de 1.000 km de frontière avec le Niger, a également émis des réserves.

A Niamey, les militaires ont de leur côté promis cette semaine une " riposte immédiate " à " toute agression ".

De nombreux résidents de la capitale Niamey – fief de l’opposition au président déchu – espéraient dimanche ne pas avoir à vivre une intervention militaire.

La Cedeao et les pays occidentaux réclament un retour à l’ordre constitutionnel et la libération du président Bazoum, retenu prisonnier depuis le coup d’Etat, le 26 juillet.

Les militaires ont dénoncé des accords de coopération militaire et sécuritaire avec Paris, qui déploie au Niger 1.500 soldats pour la lutte antiterroriste, une mesure ignorée par Paris.

Malo Pinatel, avec AFP