L’ultimatum posé par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) à la junte nigérienne est arrivé à expiration dimanche 6 août à minuit. Tandis que la perspective d’une intervention militaire reste en suspens, retour sur les fonctions de cette organisation supranationale.

La Cédéao, acronyme de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, est une organisation régionale ouest-africaine créée le 28 mai 1975. Elle rassemble 15 pays membres dont le but est de promouvoir l’intégration économique, le développement durable et la stabilité politique dans la région. Basée à Abuja, au Nigeria, elle est un acteur clé dans la diplomatie régionale et a déjà joué un rôle crucial dans la résolution des crises régionales.

La Cédéao a connu une évolution significative depuis sa création. Son but initial fut tout d’abord centré sur la coopération économique. Au fil des années, elle s’est engagée à éliminer les barrières commerciales et à faciliter la libre circulation des biens, des personnes et des capitaux entre ses membres. Elle cherche aussi à mettre en place une monnaie unique, l’ECO, qui devrait remplacer les monnaies nationales prochainement.

Outre l’intégration économique, la Cédéao a développé un volet concernant les défis de sécurité et les questions politiques. Elle a joué un rôle clé dans la médiation de conflits régionaux, tels que les crises au Liberia ( 1990, 2003) et en Sierra Leone (1997).  Plus récemment, cette force s’est illustrée en Gambie (2017) et au Mali (2013).

La lutte contre le terrorisme constitue un enjeu majeur pour la Cédéao, qui coordonne les efforts régionaux pour assurer la sécurité collective. Pour cela, l’organisation a mis en place une force militaire conjointe, la Brigade de surveillance du cessez-le-feu de la Cédéao (Economic Community of West African States Cease-fire Monitoring Group, ECOMOG). Cette dernière intervient en cas de besoin pour maintenir la paix et la stabilité dans la région.

Cependant, la Cédéao doit relever plusieurs défis pour atteindre ses objectifs ambitieux. Les disparités économiques entre les États membres, les tensions politiques et les problèmes de gouvernance constituent de nombreux obstacles à surmonter.

L’actuelle crise au Niger, provoquée par le putsch du 26 juillet dernier, est particulièrement révélatrice à ce niveau. L’organisation avait déjà suspendu le Mali, la Guinée et le Burkina Faso en raison des coups d’Etat qu’ont connu ces pays entre et 2022. Le 30 juillet, Niamey a connu un sort similaire: ce sont donc quatre états sur les 15 membres qui sont mis au ban de la Cédéao. Un conflit armé risquerait ainsi de déchirer définitivement l’organisation entre deux camps.

En dépit de ces défis, la Cédéao reste un acteur régional essentiel pour la promotion du développement économique et la consolidation de la paix en Afrique de l’Ouest. Son engagement en faveur de l’intégration régionale et de la coopération politique continue d’être crucial pour une Afrique de l’Ouest, notamment au regard des turbulences agitant le Sahel.

Malo Pinatel