La récente décision du gouvernement syrien de supprimer les subventions sur les carburants a eu des répercussions sur les conditions de vie de la population. Dimanche, des manifestations ont eu lieu dans la province de Soueida, au sud du pays, où les protestataires n’ont pas hésité à scander des slogans contre le régime Assad.

Des centaines de Syriens ont organisé une grève générale conjuguée à des manifestations dimanche dans le sud de la Syrie sous contrôle du régime, pour protester contre la détérioration des conditions de vie et l’envolée des prix.

Ces protestations font suite à la décision du gouvernement cette semaine de supprimer les subventions sur les carburants, portant un nouveau coup à une population déjà éprouvée par les conséquences lourdes de douze années de guerre sur l’économie syrienne.

Le média local Suwayda24 a fait état de manifestations dans " plus de 40 points de la province de Soueida ", en lien avec cette grève.

Dans le centre de la ville éponyme, des " centaines " de personnes ont participé à des manifestations, selon cette source, qui a diffusé des images montrant des dizaines de personnes défilant dans les rues et des commerces manifestement fermés.

" Nous voulons vivre dans la dignité, nous voulons que les personnes arrêtées soient libérées, nous voulons un avenir pour nos enfants ", pouvait-on lire sur une pancarte.

" La liberté pour le peuple et l’indépendance sont plus importantes que le poste de président ", proclamait une autre.

La guerre en Syrie a fait depuis 2011 un demi-million de morts, déplacé des millions de personnes et ravagé les infrastructures.

Soueida, cœur de la minorité druze du pays, a été largement épargnée par les affrontements directs, mais les répercussions économiques du conflit ont provoqué sporadiquement des manifestations contre les conditions de vie.

En décembre, un manifestant et un policier ont été tués dans la province lorsque les forces de sécurité ont réprimé une manifestation.

Suwayda24 a qualifié la grève de dimanche de " sans précédent " depuis 2011, relevant que les bureaux du gouvernement étaient fermés et que des manifestants scandaient des slogans hostiles au président Bachar al-Assad.

Des manifestants ont bloqué les routes, parfois avec des pneus enflammés, et la radio pro-gouvernementale Sham FM a indiqué que les examens universitaires dans la région avaient été reportés, à cause des routes bloquées.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, des dizaines de personnes ont également manifesté samedi dans la province voisine de Deraa, certaines arborant le drapeau de l’opposition et réclamant le départ d’Assad.

Berceau du soulèvement de 2011, Deraa est retournée sous le contrôle du régime en 2018 dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu soutenu par la Russie.

Georges Haddad, avec AFP