Théâtre d’une tentative de coup d’Etat ce mercredi 30 août, le Gabon est un petit pays d’Afrique centrale riche en pétrole, sous la coupe de la famille Bongo depuis plus de 55 ans. Focus sur quatre faits constitutifs de cette ancienne colonie française.

Cinq choses à savoir sur le Gabon, pays d’Afrique centrale riche en pétrole, où des militaires ont annoncé mercredi mettre " fin au régime en place " peu après les résultats officiels de la présidentielle du 26 août donnant vainqueur le président sortant Ali Bongo.

La dynastie Bongo au pouvoir depuis plus de 55 ans

Le pays a compté seulement trois présidents depuis son indépendance de la France en 1960. Il a été dirigé pendant plus de 41 ans par Omar Bongo Ondimba, jusqu’à ce que son fils Ali soit élu après sa mort en 2009.

Omar Bongo, respecté pour ses médiations dans plusieurs crises africaines, fut aussi un pilier de la " Françafrique ", système de cooptation politique, réseaux et chasses gardées commerciales entre Paris et ses anciennes colonies du continent.

Son fils Ali a pris ostensiblement ses distances avec l’ancienne puissance coloniale à peine élu.

Neuf autres de ses enfants sont mis en examen dans l’enquête menée depuis 2010 par la justice française sur les " biens mal acquis ", patrimoine immobilier constitué en France avec de l’argent public détourné du Gabon.

Une fille d’Omar Bongo, Pascaline, eut une liaison avec la légende du reggae Bob Marley, qu’elle invita à venir jouer au Gabon pour l’anniversaire de son père. Ce furent les premiers concerts en Afrique du chanteur jamaïcain, en janvier 1980.

Un pays riche en ressources

Le Gabon est l’un des pays les plus riches d’Afrique en PIB par habitant (8.820 dollars en 2022), grâce à son pétrole, son bois et son manganèse notamment, et une faible population (2,3 millions d’habitants).

Il est parmi les tout premiers producteurs d’or noir d’Afrique subsaharienne. En 2020, cette ressource a représenté 38,5% de son PIB et 70,5% de ses exportations, selon la Banque mondiale.

Mais l’économie, que le pouvoir ne parvient pas à diversifier suffisamment, dépend encore trop fortement des hydrocarbures, et un habitant sur trois vivait sous le seuil de pauvreté fin 2022, selon la Banque mondiale.

Un territoire recouvert par les forêts

Le pays de 268.000 kilomètres carrés, dont 88% du territoire est occupé par la forêt, est décrit par la Banque mondiale comme " un absorbeur net de carbone et un leader dans les initiatives d’émission nette zéro ", grâce notamment aux efforts déployés pour réduire les émissions et préserver sa vaste forêt tropicale.

Il dispose d’un riche écosystème. Ses parcs nationaux abritent des espèces endémiques et des mammifères emblématiques tels que l’éléphant de forêt, le gorille, le chimpanzé, le léopard ou encore plusieurs espèces de pangolins.

Le pays a un des taux d’urbanisation les plus élevés du continent, avec plus de quatre Gabonais sur cinq vivant en ville. Libreville et Port-Gentil, la capitale économique, recensent à elles seules près de 60% de la population.

Plante psychotrope

Plante aux effets psychotropes, l’iboga, arbuste endémique de la forêt équatoriale d’Afrique centrale, est utilisée au Gabon sous forme de poudre d’écorce tirée de sa racine, dans les cérémonies du " bwiti ", un rite traditionnel d’initiation.

La plante est sortie de son usage purement traditionnel depuis une cinquantaine d’années en raison des vertus médicinales de l’ibogaïne, un de ses principes actifs, qui aurait notamment des propriétés anti-addictives.

Cependant, l’ibogaïne est considérée comme un stupéfiant aux Etats-Unis ou plusieurs pays d’Europe comme la France.

L’essentiel de l’ibogaïne utilisée dans des cliniques qui ont fleuri autour du monde (Costa Rica, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas…), pour sevrer des toxicomanes ou aider des victimes de stress post-traumatique, provient de l’exportation illégale.

Craignant un épuisement de sa ressource par la cueillette illégale, le Gabon s’est doté d’un nouveau cadre pour en faire commerce.

Malo Pinatel, avec AFP