La rentrée scolaire en France est dominée cette année par le débat sur la laïcité et l’interdiction de l’abaya, ainsi qu’une crise de vocation qui prive l’éducation nationale de plus de 3.000 enseignants.

Quelque 12 millions d’élèves font leur retour à l’école en France lundi, pour une rentrée dominée médiatiquement par l’interdiction de l’abaya, longue robe traditionnelle couvrant le corps portée par certaines élèves musulmanes.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a adressé un message aux forces de l’ordre pour souligner " le caractère sensible que revêt cette rentrée " sur les atteintes à la laïcité en milieu scolaire. C’est tout l’exécutif qui, au nom de la défense de la laïcité, a appelé à " faire bloc " sur cette interdiction qui vaut aussi pour le port du qamis, version masculine de ce vêtement.

Le ministre français de l’Éducation et de la Jeunesse, Gabriel Attal 2ème gauche) et la Première ministre Elisabeth Borne lors de sa visite à l’école secondaire Simone-Veil, le premier jour de l’année scolaire, à Liffré, dans le nord-ouest de la France, le 4 septembre 2023. (AFP)

Comme prévu par la loi de 2004 interdisant le port de signes religieux ostensibles, les élèves récalcitrants se verront accueillis par l’établissement, mais pas en classe et une phase de dialogue s’ouvrira entre la famille et l’Éducation nationale.Dans le sillage du chef de l’État Emmanuel Macron qui a décidé de faire de l’école " son domaine réservé ", le gouvernement, deux mois après les émeutes qui ont secoué le pays, souhaite incarner une ligne de fermeté en matière éducative, par exemple, sur la laïcité ou les savoirs fondamentaux.

La rentrée se déroule, en effet, à nouveau sous tension en raison d’une crise du recrutement des enseignants, un phénomène pas nouveau, mais qui s’est accentué depuis l’an dernier avec cette année plus de 3.100 postes non pourvus aux concours d’enseignants dans le pays.

Pour résoudre la crise des vocations, l’exécutif met en avant sa politique de revalorisation " historique " mais, en dépit de l’effort budgétaire consenti, les syndicats ont accueilli avec beaucoup de réserve ces mesures. Et ils sont franchement hostiles à la mise en place du " pacte " qui prévoit de nouvelles hausses de rémunérations en contrepartie de nouvelles tâches, notamment pour effectuer des remplacements de courte durée.

Pour la FCPE, principale fédération de parents d’élèves, le sujet de l’abaya ne doit " pas occulter les questions liées au manque de personnels " de direction ou d’infirmières " ou la priorité à donner à la lutte contre le harcèlement, aux effectifs surchargés des classes, à la lutte contre le décrochage scolaire, aux milliers d’enfants sans toit ".

Maria Chami avec AFP