L’armée pakistanaise a affronté des centaines de membres du mouvement Tehreek-e-Taliban Pakistan à la frontière avec l’Afghanistan, mercredi 6 septembre. Depuis le retour de ce mouvement intégriste dans le pays voisin, le Pakistan fait face à une résurgence d’attaques dans les régions frontalières.

Les troupes pakistanaises, appuyées par des forces supplémentaires dépêchées vers la région frontalière accidentée, ont repoussé mercredi une attaque menée à partir de l’Afghanistan par des " centaines " de talibans pakistanais, a annoncé un haut responsable.

Le mouvement pakistanais Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP) a été enhardi par le retour au pouvoir des talibans en Afghanistan en 2021, et Islamabad accuse régulièrement son voisin d’héberger des militants, une accusation qu’ils nient.

" Ils étaient des centaines équipés d’armes légères et lourdes. Nous étions prêts à faire face à l’attaque et l’échange de tirs s’est poursuivi durant environ quatre heures ", a déclaré à l’AFP Mohammad Ali, commissaire adjoint du district de Chitral.

Dans un communiqué, la branche des relations publiques de l’armée pakistanaise a déclaré qu' "un groupe important de terroristes équipés des armes les plus récentes " avait attaqué deux avant-postes dans la région.

L’Inter-Services Public Relations (ISPR) a déclaré que quatre soldats pakistanais avaient été tués, tandis que " 12 terroristes avaient été envoyés en enfer ".

" Nous avons surveillé leurs mouvements dans les zones proches de la frontière pendant deux ou trois jours ", a déclaré Mohammad Ali.

" Des informateurs nous ont également envoyé des informations sur le mouvement du groupe militant ", a-t-il ajouté.

Dans un communiqué, le TTP a assuré avoir saisi deux postes militaires dans la région de Bomburit à Chitral, située à environ 200 km au nord-ouest de la capitale Islamabad.

Les talibans pakistanais partagent une idéologie islamiste radicale avec leurs homologues afghans.

Le groupe a été fondé en 2007, lorsque des militants qui combattaient aux côtés des talibans en Afghanistan se sont séparés pour centrer leur insurrection contre Islamabad.

Le responsable de la police, Karim Khan, a déclaré à l’AFP que les forces de sécurité avaient scellé l’entrée de Chitral, une zone accidentée de collines et de vallées escarpées prisée par les touristes nationaux.

Un autre responsable a déclaré que des troupes et des forces paramilitaires avaient été dépêchées pour renforcer le district.

" La désinfection de la zone est en cours pour éliminer tout autre terroriste ", a indiqué l’ISPR.

Au faît de son pouvoir, le TTP contrôlait de nombreuses communautés montagnardes, appliquant la loi islamique austère et patrouillant sur les terres situées à seulement 140 kilomètres au nord de la capitale.

L’armée pakistanaise a été durement touchée après 2014, lorsque des militants du TTP ont attaqué une école pour enfants de militaires et tué près de 150 personnes, pour la plupart des élèves.

Ses combattants ont été en grande partie repoussés vers l’Afghanistan voisin, mais Islamabad affirme désormais que le TTP utilise l’Afghanistan contrôlé par les talibans comme point d’appui pour organiser des assauts à travers la frontière.

Au cours des 12 premiers mois du régime taliban en Afghanistan, le Pakistan a connu une augmentation de 50 pour cent des attaques menées par des militants, concentrées dans les provinces frontalières occidentales, selon le Pak Institute for Peace Studies (PIPS).

Malo Pinatel, avec AFP