L’Arménie a accusé l’Azerbaïdjan de préparer une " provocation militaire " le long de la frontière. Cette escalade survient avant une élection anticipée au Nagorny-Karabakh et des exercices militaires conjoints entre l’Arménie et les forces de maintien de la paix des États-Unis.

L’Arménie a accusé jeudi l’Azerbaïdjan de préparer une " provocation militaire " en massant ses soldats le long de la frontière entre ces deux pays rivaux du Caucase et près de la région disputée du Nagorny-Karabakh.

" L’Azerbaïdjan manifeste son intention d’effectuer une nouvelle provocation militaire contre le Nagorny-Karabakh et l’Arménie ", a déclaré le Premier ministre arménien Nikol Pachinian.

" La situation militaire et politique dans notre région s’est nettement dégradée ", a-t-il déploré au cours d’une réunion du gouvernement à Erevan.

De son côté, le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères a dénoncé " une nouvelle manipulation politique mensongère ".

" L’Arménie doit abandonner ses revendications territoriales vis-à-vis de l’Azerbaïdjan, mettre fin aux provocations militaro-politiques et cesser de créer des obstacles au processus de paix ", a-t-il déclaré dans un communiqué.

Le ministre arménien de la Défense Souren Papikian a annulé une visite prévue à Chypre " en raison de la détérioration de la situation en Arménie ", a fait savoir son homologue chypriote Michalis Giorgallas sur les réseaux sociaux.

Quant à la mission d’observateurs de l’Union européenne déployée du côté arménien de la frontière, elle a dit avoir " augmenté ses activités de patrouille (…) pour observer toute activité militaire ".

Cet accès de tension survient peu avant une élection anticipée du dirigeant du Nagorny-Karabakh, prévue pour samedi.

Dans quelques jours doivent aussi avoir lieu des exercices militaires communs de l’Arménie et de forces de maintien de la paix des États-Unis. Le Kremlin les a dénoncées jeudi, jugeant qu’ils allaient miner la stabilité dans le Caucase.

" Bien sûr, le déroulement de tels exercices ne contribue pas à stabiliser la situation et à renforcer l’atmosphère de confiance dans la région ", a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, affirmant malgré les critiques arméniennes que " la Russie continue d’assurer ses fonctions de garante de la sécurité " régionale.

Les Arméniens reprochent à Moscou et à ses soldats de la paix de ne pas accomplir leur mission, en laissant l’Azerbaïdjan bloquer une route clé pour approvisionner le Nagorny-Karabakh.

L’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont livré deux guerres pour la souveraineté de ce territoire montagneux, peuplé majoritairement d’Arméniens, mais reconnu internationalement comme faisant partie de l’Azerbaïdjan.

La dernière guerre entre Bakou et Erevan, en 2020, s’était soldée par une défaite de l’Arménie, qui avait dû céder des territoires à l’Azerbaïdjan dans et autour du Nagorny-Karabakh.

Les tensions se sont aggravées ces derniers mois, avec des incidents armés intervenant régulièrement à la frontière.

Le processus de paix est depuis au point mort, malgré les efforts de médiation de la Russie – un pays à l’influence historique dans cette région -, des Européens et des États-Unis.

Les tensions se sont aggravées depuis début juillet lorsque l’Azerbaïdjan a fermé la circulation dans le corridor de Latchine, la seule route reliant le Nagorny-Karabakh à l’Arménie, entraînant des pénuries dans la région.

Marie de La Roche Saint-André, avec AFP