De l’Inde au Venezuela, la rivalité entre la Chine et les États-Unis occupe le devant de la scène géopolitique ces dernières semaines. Entre grands sommets internationaux et appels de pieds à d’autres acteurs, chacune des deux puissances cherche à contenir l’autre par des jeux d’alliances et des partenariats toujours plus nombreux.

Vietnam, mer de Chine méridionale, G20 et Venezuela: les premiers jours de septembre sont marqués par une succession d’événements sur l’échiquier géopolitique mondial. Si leur importance peut varier aux yeux des observateurs, ceux-ci sont révélateurs de la rivalité États-Unis-Chine.

C’est ainsi qu’avec cet antagonisme sur le devant de la scène, le président américain Joe Biden a débuté, vendredi 8 septembre, une tournée asiatique en Inde pour une réunion du G 20, avant de continuer au Vietnam à partir de dimanche. Fait notable, le président chinois Xi Jinping snobe le sommet, ce qui fait dire aux observateurs internationaux que celui-ci paraîtra affaibli.

L’Inde courtisée

La nature ayant horreur du vide, il incombera donc à Joe Biden de profiter de l’absence de son homologue chinois pour occuper le devant de la scène. En ligne de mire, la volonté de renforcer davantage ses liens avec le pays hôte, l’Inde, qui voit aussi d’un mauvais œil l’influence croissante de la Chine sur l’échiquier géopolitique mondial.

Car si New Delhi figure aux côtés de Pékin au sein du " club " des BRICS, dont le dernier sommet fin août fut l’occasion d’afficher leur ambition de peser davantage sur la scène internationale, la réalité est beaucoup plus timorée.

En effet, les rapports entre les deux mastodontes asiatiques partagent plus d’animosité que de points de convergence. En premier lieu, leurs frontières communes demeurent un point d’achoppement, la Chine revendiquant plusieurs portions du territoire indien : l’Aksaï Chin au nord de l’Inde, et l’Arunachal Pradesh à l’est.

Néanmoins, ces tensions dépassent désormais la question frontalière pour atteindre une rivalité plus globale. Dans ce cadre, New Delhi se rapproche de Washington, notamment au sein du Dialogue quadrilatéral pour la sécurité (Quad), alliance informelle incluant aussi le Japon et l’Australie, perçue comme un moyen de contenir l’influence chinoise.

Hanoï, l’ancien adversaire devenu partenaire

C’est aussi dans cette optique que Joe Biden se rendra dimanche à Hanoï. Son objectif sera d’approfondir les relations avec cet autre voisin de Pékin.

" Depuis des décennies, les États-Unis et le Vietnam travaillent à dépasser le douloureux héritage commun de la guerre du Vietnam ", a notamment déclaré mardi Jake Sullivan, principal conseiller diplomatique de Joe Biden.

Les experts s’attendent à ce que les deux pays concluent un " partenariat stratégique étendu ", le plus haut degré de proximité diplomatique établi par Hanoï.

Si le Vietnam " a toujours dit ne pas prendre parti, ne pas choisir les États-Unis contre la Chine ", comme le note Nguyen Quoc Cuong, ancien ambassadeur du Vietnam aux États-Unis (2011-2014), le président américain fait néanmoins le pari que le Vietnam penche de son côté. Et ce, au moment où les revendications de Pékin en mer de Chine méridionale provoquent toujours plus de tensions dans la région.

Australie et Philippines resserrent les rangs

En effet, la Chine considère cet espace maritime comme son pré carré, où elle a construit plusieurs îles artificielles depuis les années 2010. Ce faisant, elle ignore une décision internationale selon laquelle sa position ne repose sur aucune base juridique. En parallèle, elle y développe sa présence militaire, au grand dam des autres pays porteurs de revendications territoriales que sont, outre le Vietnam, Taïwan, Bruneï, la Malaisie et les Philippines.

Manille en a douloureusement fait l’expérience le 5 août, lorsque des gardes-côtes chinois ont harcelé l’un de ses navires de transport, acheminant du matériel à une garnison installée sur Second Thomas Shoal, un atoll qu’elle contrôle dans les îles Spratly.

C’est notamment pour cette raison que les Philippines et l’Australie ont renforcé leur alliance sécuritaire en signant un partenariat stratégique, vendredi 8 septembre.

L’objectif est d’étendre leur coopération dans plusieurs domaines, de la défense et de la sécurité au changement climatique et à l’éducation. Il s’agira dès lors du niveau le plus élevé des relations bilatérales entre Manille et Canberra, deux proches alliés de Washington.

Pékin contre-attaque

Pour autant, Pékin cherche aussi à contrecarrer activement les efforts de Washington à son égard. Plus tôt dans la semaine, la Chine a dépêché une délégation de haut niveau au Vietnam. Selon l’agence d’État Chine Nouvelle, les officiels des deux pays, que plusieurs conflits frontaliers ont opposés entre 1979 et 1991, auraient promis de " renforcer (leur) solidarité et leur coopération ".

Autre initiative diplomatique, la Chine reçoit le président du Venezuela Nicolas Maduro, isolé sur la scène internationale et avec qui elle entretient des relations proches, à partir de vendredi 8 septembre.

Mais Pékin est l’un des principaux créanciers du Venezuela, dont le PIB s’est contracté de 80% en 10 ans sous l’effet de la crise économique. Caracas cherche ainsi le soutien chinois pour relancer son économie, frappée par une inflation de 436%, parmi les pires au monde . La Chine a ainsi prêté 50 milliards de dollars au Venezuela dans les années 2010, le pays sud-américain remboursant ensuite sa dette par des livraisons de pétrole, dont il dispose de réserves parmi les plus importantes au monde.

Les efforts de Pékin vers le Venezuela peuvent aussi traduire une volonté de s’insérer dans le voisinage proche de Washington. Critique féroce des États-Unis, Maduro loue la Chine comme un pays " sans un empire hégémonique qui exerce du chantage, qui domine et qui attaque les peuples du monde ". Du moins, ceux qui ne se trouvent pas dans son voisinage immédiat.